La pandémie, signe de Dieu ou du diable, galvanise les évangélistes.
Bien sûr que la fin des temps est arrivée. La preuve, cette pandémie planétaire !
Catastrophe bénie pour les annonciateurs de l’Apocalypse, ce « fléau » que seul « Dieu » ou « diable » peut générer est en train de surexciter les Témoins de Jéhovah comme les évangélistes de tout poil. La Mission de vigilance et de luttes contre les dérives sectaires (Miviludes) voit se multiplier les « signalements spécifiques à la crise du coronavirus durant le mois d’avril, tous mouvements confondus ».
Rassemblements religieux
Le siège national des Témoins de Jéhovah entérine le « signe » sans ambages sur France Info : « Nous pensons que la pandémie fait partie des signes des derniers jours, au même titre que les guerres et les autres maladies. Les prophéties de la Bible annoncent la fin d’un système, celui des hommes, pour qu’il soit remplacé par un système gouverné par Dieu. La pandémie est un signe qui permet de parler de la fin de ce système. » Pourquoi, dès lors, inciter ses membres à « faire des stocks pour un mois », Dieu ne reconnaîtra-t-il pas les siens ? Et pourquoi le Sars-CoV-2 serait-il plus apocalyptique que les pandémies du passé ?
L’Union des associations de défense de la famille et de l’individu victimes de sectes (Unadfi) dénonce les risques qui pèsent, notamment, sur les « repentis » du mouvement. En témoigne ce père de famille, divorcé, ex-Témoin de Jéhovah, dont l’ex-femme, « restée dans la communauté, a demandé à leurs filles d’appliquer à outrance les règles de distanciation sociale avec leur père ». « Cas personnels », sans rapport avec la religion, réplique-t-on du côté du mouvement religieux qui se défend de tout prosélytisme opportuniste.
Le principal danger, du reste, n’est-il pas la poursuite de messes ou de rassemblements, à l’image de ce « cluster » de 2 000 fidèles, à Mulhouse, en février, au cours duquel des dizaines de participants contaminés ont essaimé le virus autour d’eux ? La Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X n’a pas hésité, le 11 avril, dans la paroisse de Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris, à tenir une messe avec une trentaine d’ecclésiastiques et des enfants de chœur, ni masqués ni distants (information de l’AFP).
Évangélistes, l’opportunité
Psychiatres et médecins ont beau analyser les causes de la dépendance aux sectes, ils/elles savent que la pandémie va favoriser le basculement des « profils paranoïaques de certains patients » pendant le confinement. Les pasteurs pentecôtistes, ceux que l’on appelle « évangélistes » – une église évangélique, courant du protestantisme, se crée en France tous les dix jours – se déchaînent sur les réseaux sociaux en assimilant la pandémie à « une œuvre du diable ». L’un d’eux se dit même, par son statut, inaccessible à la maladie. Il prône l’imposition des mains – les poser sur quelqu’un pour le bénir – comme remède.