Téléchargerez-vous StopCovid ?

Votre geste sera un vote ou presque !

Olivier Magnan, rédacteur en chef

StopCovid ou pas StopCovid ? L’application en discussion parlementaire qui pourrait s’ouvrir au téléchargement sur les smartphones Android comme iOS dès ce week-end fait partie de ces dilemmes nationaux dont les Français.es raffolent : « Et toi, tu vas le télécharger le StopMachin ? » Rappel du principe : StopCovid activé, l’appli capte en bluetooth (émission rapprochée) les coordonnées téléphoniques des 1, 2, 3, 10, 100, 1 000 personnes qui ont croisé votre chemin à portée de postillons. Et c’est tout, vous n’y pensez plus. Puis au détour d’un test ou d’une entrée à l’hôpital, vous voilà détecté.e contaminé.e. Via l’appli qui a conservé les contacts, dès lors que vous entrez un code délivré par l’autorité médicale ou le labo qui vous a diagnostiqué.e, tous les contacts sont prévenus qu’ils.elles ont croisé votre chemin (sans savoir qui vous êtes, bien sûr). À eux.elles de se faire tester. En cas de covid déclarée, leurs contacts, à leur tour, sont prévenus. Au bout du compte, les contamné.ies reconfiné.es sont censé.es ne plus contaminer. Et le virus, faute d’organismes humains à investir, se retire jusqu’à un éventuel retour, version 2.

Sur le papier, c’est tentant. D’où viendraient les réticences ? Bien sûr de la suspicion hexagonale à l’encontre de tout ce qui piste, traque, trace, enregistre, immatricule, flashe, photographie, capte et potentiellement dénonce. De l’idée qu’un gouvernement et sa police ont beau se dire animés des meilleures intentions du monde, rien n’interdit à des hackers subtils de s’approprier les data codées covid – pour en faire quoi, c’est là que la nébuleuse numérique du darknet joue les épouvantails.

Estimons-nous heureux que toute l’affaire repose sur le volontariat. En Chine, en Corée du Sud (le Nord n’est pas si numérisé mais sa surveillance est surtout humaine), en Israël et bien sûr aux États-Unis où la trumpitude, qui n’est pas à un déni de démocratie près, étudie une « traque » au smartphone, on ne vous demande pas vraiment votre avis. Le secrétaire d’État français au numérique, Cédric O, cheville ouvrière de l’appli StopCovid, a tout à perdre si la population ne suit pas : il faut quand même que 60 à 75 % de la population s’équipent pour que le « mouchard » se montre utile. « Mouchard », quel vilain mot ! Ce n’en est pas un puisque tout se passe incognito. En réalité, tout va se jouer sur l’idée qu’en adoptant StopCovid, je suis un « bon citoyen » ou… un rebelle. Un curieux ou un j’menfoutiste. « Mes chers compatriotes, pourrait dire Emmanuel Macron, StopCovid, c’est un peu mon baromètre confiance. Téléchargez, vous agirez pour le bien commun et le mien. » Car en France, tout est politique. Et c’est parfois fatigant…

Olivier Magnan, rédacteur en chef

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