Un Président et un Premier ministre jeunes seront les meilleurs acteurs de la France de demain, si le scénario est bon.
Le jeune président Macron nous manque un peu depuis le 4 mai. Après le professoral Premier ministre qui revient comme les phases de la Lune nous donner le plan de déconfinement, la parole plus solaire du chef de l’État va devoir définir, non pas la France du 22 juin, mais la France nouvelle, celle qui peine à s’imaginer au sortir sirupeux d’une crise qui n’en finit pas de commencer. La parole carrément stratégique de celui qui vient de s’entourer de 26 conseillers économistes de haut vol avec lesquel.les il écrit le scénario du film France 3.0, au moins.
Il a pris le risque de répéter que « le jour d’après ne ressemblera pas au jour d’avant », que « c’est un nouveau quinquennat qui commence » (heu, pour deux ans ?), qu’il faut savoir « se réinventer, moi le premier »… C’est placer la barre tellement haut, à passer au premier essai, que le perchiste républicain nous fait un peu peur : tout un peuple a besoin de solutions et de perspectives crédibles et compréhensibles. Sans vocabulaire vague ni expressions technocratiques, dignes de la novlangue de Orwell (Jean-Paul Fitoussi, le professeur médiatisé de Science-Po, va faire paraître en septembre Comment on nous parle, une dénonciation du vocabulaire trompeur en vogue dans les instances européennes).
Les gazettes vibrent toutes du sous-sujet du jour : le nouveau quinquennat implique-t-il le départ d’Édouard Philippe, ce Premier qui se permet de se tailler une opinion publique plus favorable que le Président ? J’espère que les calculs de la sorte resteront dans les antichambres des palais. Ces deux-là incarnent tellement un pouvoir jeune et nécessairement gagnant dans la dramaturgie nationale que l’arrivée d’un Bayrou (oups), d’un Darmanin (il peut attendre), d’un Le Maire (compétent mais tellement ancienne vague) ou de la glaçante Nathalie Kosciusco-Morizet (tous des noms avancés) sonnerait comme un boulet du passé dans la dynamique d’après-guerre présidentielle contre la covid.
Ce qu’il nous faut, c’est un scénario de « ouf » qui tranche, qui ne vise pas seulement à retrouver le pseudo-confort des impasses d’avant – dont l’environnement – mais qui, avec audace, « restaure » avant de « relancer ». Autrement dit, il ne suffira pas de « réparer ». C’est une technologie à la SpaceX qui doit désormais propulser le retour sur orbite du pays. Et même le grand Philippe doit pouvoir entrer dans le cockpit plutôt que de pantoufler au Havre.
Olivier Magnan, rédacteur en chef