Tribune libre
Le Ségur de la santé n’a rien d’un conte pour enfant.
L’éditeur de La Griffe santé, Jacques Draussin, doute que les blouses blanches apprécient une aumône.
Alors qu’une nouvelle journée d’action des soignants fut organisée le 30 juin par les syndicats et collectifs hospitaliers, c’est le 1er juillet qu’Olivier Véran a levé le voile sur la répartition des 6 milliards d’euros promis le 24 juin dans le cadre des négociations du « Ségur de la Santé ».
Il y a quelques mois encore, l’annonce d’une telle enveloppe aurait sans doute permis d’éteindre la colère des personnels dits « non médicaux » [infirmiers, aides-soignants, personnels techniques et administratifs]. Mais il a plu tant de milliards ces derniers temps du haut des caisses [vides] de l’État que la somme, une fois divisée en autant de bénéficiaires concernés, pourrait bien être perçue comme une espèce d’aumône par les intéressé.es.
Il faut dire que lorsque l’on compare l’effort budgétaire arraché par les blouses blanches après plus d’une année de lutte couronnée par trois mois de crise sanitaire intense et celui obtenu par Air France en moins de temps qu’il n’en faut pour relever la trace carbone d’un A-380 ou par Renault pour encaisser 5 milliards sur les chapeaux de roues, on peut comprendre…
Les organisations syndicales, qui ont la calculette facile, estiment qu’en incluant les personnels du privé comme l’a prévu le ministre, ce sont 9 milliards qui seraient au minimum nécessaires pour atteindre les 300 euros de revalorisation mensuels réclamés par les hospitaliers.
Mais ne rêvons pas, les livres de comptes de Ségur n’ont pas vraiment le charme sucré des livres de contes de la Bibliothèque rose. Contrairement à Olivier Véran, le général Dourakine ne sera pas ministre du prochain gouvernement.
Jacques Draussin