Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque vous entendez le mot « consultant » ? Un spécialiste qui n’a pas de vie privée, qui voyage en permanence et qui gagne beaucoup d’argent sans faire grand-chose ? Vous pensez qu’il est impossible de faire carrière dans le conseil sans échapper à ce destin ? Eh bien, le monde du conseil est un vaste océan où de grandes entreprises s’affrontent comme autant de requins et de petits poissons, et où de petites sociétés essaient de se frayer un chemin. Que les consultants choisissent de nager avec les requins ou les plus petits poissons, l’essentiel est qu’ils nagent dans une eau à la bonne température. Au début de sa carrière, Clémentine Kromwell nageait avec les requins dans une multinationale de conseil en gestion et en technologie, mais elle a vite compris qu’elle nagerait mieux chez Exeis Conseil, une petite société de conseil, avec les petits poissons d’eau chaude. Mais alors, comment les consultants peuvent-ils savoir s’ils nagent dans une eau à la bonne température et parmi les bonnes espèces ?
La chasse : les missions qui vous font envie
Les missions de conseil peuvent couvrir une grande variété de domaines, et tous les consultants peuvent se voir demander de travailler sur toutes sortes de missions au long de leur carrière. Nous pourrions penser que les projets sont imposés aux consultants, mais en réalité, ces derniers ont leur mot à dire concernant les missions sur lesquelles ils souhaitent travailler. Clémentine, actuellement consultante en gestion et organisation chez Exeis Conseil à Nantes, en France, explique qu’il « existe un système de mentorat, et ce dans toute société de conseil. » En tant que consultant, vous pouvez parler à votre mentor des missions sur lesquelles vous voulez travailler, mentor qui fera ensuite de son mieux pour prendre en compte vos souhaits. Il faut également souligner qu’une mission peut évoluer, se développer et s’étendre. Les consultants peuvent ainsi être amenés à travailler sur un projet qui évolue dans une direction qui ne les inspire plus. « Dans ce cas, vous pouvez changer de mission », ajoute Clémentine. Ainsi, les consultants peuvent choisir leur régime alimentaire : profiter du plancton, par exemple l’amélioration du système informatique d’un département ciblé d’un client, ou se lancer dans la chasse au thon, en intégrant une transformation numérique au sein d’une entreprise. Les deux sont agréables, mais le goût est toujours quelque chose de subjectif.
« Il existe un système de mentorat dans les sociétés de conseil destiné à guider les consultants et à prendre en compte leurs demandes. »
L’eau : une culture d’entreprise qui vous parle
Chaque société de conseil possède une culture d’entreprise qui lui est propre, ses valeurs et des employés qui les incarnent. Une société de conseil peut porter des projets au-delà de son champ d’activité, permettant ainsi à ses employés de se réaliser en dehors de leurs seules missions de conseil. À titre d’exemple, Exeis Conseil donne à Clémentine l’opportunité de conseiller de jeunes start-ups une fois par an. En effet, les valeurs de sa structure ont trouvé un écho en elle et lui ont permis de se « sentir épanouie en travaillant dans un environnement qui lui offre le soutien et la stimulation qui [lui] conviennent. » Dans son ancien grand cabinet de conseil, les habitudes de travail de Clémentine ne répondaient pas à ses besoins, et elle n’aimait pas évoluer dans un environnement stressant où ne pas compter ses heures était la norme. Elle a compris que la culture d’entreprise est essentielle lorsque vous travaillez dans ce secteur, car elle a un impact direct sur votre degré de satisfaction personnelle, les consultants pouvant avoir de longues heures de travail. C’est pourquoi ils doivent s’assurer de nager dans une eau qui les maintienne en vie. Il ne suffit pas d’essayer de surnager tant bien que mal pour s’épanouir pleinement dans son environnement professionnel.
Le banc de poissons : une équipe qui tire le meilleur de vous
La valeur des sociétés de conseil réside dans les consultants hautement qualifiés et talentueux qu’elles recrutent. Ainsi, afin d’apporter de la valeur ajoutée, ces consultants doivent s’intégrer au sein d’une équipe qui crée des synergies. Le travail d’équipe est la clé du conseil. Un déséquilibre dans le travail d’équipe se traduit par un travail moins efficace, un manque de communication et une atmosphère de travail malsaine. Par exemple, un manque de parité au sein d’une équipe peut générer de la compétitivité et des tensions. Clémentine en a fait l’expérience lorsqu’elle travaillait au sein d’une équipe hétérogène, composée en majorité de femmes, dans son ancien cabinet de conseil, ce qui a contribué à son insatisfaction et l’a poussée à quitter l’entreprise. Travaillant désormais pour Exeis Conseil, elle confie que le dynamisme de ses groupes de projet l’a aidée à se sentir épanouie dans son travail. Lorsque les consultants nagent avec le bon groupe, la chasse est plus fructueuse : plus d’efficacité et de satisfaction, et une meilleure qualité.
Le courant : un parcours professionnel que vous créez
Même si le parcours professionnel des consultants est en grande partie tout tracé, ces derniers peuvent choisir l’orientation qu’ils souhaitent donner à leur carrière. Il est vrai que de nombreux jeunes consultants se sont lancés dans cette voie parce que ne sachant pas vers quelle profession s’orienter, ils étaient attirés par le fait d’en apprendre beaucoup en peu de temps. Dans certains cas, les consultants travaillent pour gravir les échelons au sein de leur société de conseil, commençant comme junior pour devenir associé, tandis que d’autres choisissent de partir travailler pour l’un de leurs clients. Clémentine, pour sa part, savait qu’elle voulait rester consultante, mais que changer d’entreprise serait nécessaire à son épanouissement. Elle affirme aujourd’hui que quitter Exeis Conseil pour une autre société de conseil n’est pas dans ses projets, mais que travailler en interne pour un client pourrait être une option d’ici 5 ans si elle ne souhaite plus travailler dans le domaine du conseil. Par conséquent, les consultants peuvent choisir de nager avec le courant en évoluant au sein de leur cabinet ou à contre-courant en travaillant pour un client. Ce qui importe est de suivre son instinct.
En définitive, les jeunes diplômés qui aspirent à entamer une carrière de consultant doivent être conscients de la liberté qui est la leur dans le monde du conseil. L’enjeu est de trouver la bonne adéquation : les missions, les valeurs, l’équipe et le parcours professionnel doivent correspondre à ce que la personne recherche. Les consultants peuvent devenir des experts, sans cesse à la recherche du prochain défi, vivant pour et par leur travail. Cependant, ils peuvent aussi trouver leur propre équilibre entre vie professionnelle et vie privée en travaillant pour une société de conseil avec moins de pression sur les épaules. Le plus important est que les consultants chassent dans les bonnes eaux, au sein du bon banc de poissons, et qu’ils suivent toujours le courant qui leur correspond.
Constance Hager et Gwendoline Le-Huu,
Étudiantes Audencia Business School