Celui dont a mémorisé les BO majeures a placé un silence sur sa partition.
Il était une fois Ennio Morricone, tous les médias y ont pensé pour leur titre. Il était surtout une fois l’un des rares compositeurs de musique dont la bande-son s’associe à un film ou à un réalisateur. Pensez Il était une fois dans l’ouest, et avant même de songer à Sergio Leone, disparu en 1989, votre mémoire vous restitue l’harmonica lancinant de l’inconnu incarné par Charles Bronson. Et ainsi pour chaque film de Leone…
Au total, Ennio Morricone le Romain, né en 1928, a composé 500 musiques de films. Il avait atteint 91 ans.
En Italie, ses compatriotes et la classe politique du pays n’en finissent pas de rendre hommage au « maestro », comme le nomme le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte. Ils.elles se souviennent que ce trompettiste – comme son père –, chef d’orchestre, eut du mal à accrocher ses premiers succès. Sa bio cite sa longue période d’« arrangeur » pour la télévision et la radio. Mais décidément, il a envie de donner au cinéma une BO moins « médiocre et mièvre », comme il qualifiait, un peu sévère, les musiques au cinéma. Il se lance en 1961 avec Il Federale (Mission ultra-secrète en France). Mais son copain d’enfance Sergio Leone lui alloue une « poignée de dollars » pour écrire la musique du film éponyme, Pour une poignée de dollars (1964). Les deux chefs-d’œuvre, Le Bon, la Brute et le Truand (1966), Il était une fois dans l’ouest (1968) suivront.
Mais Morricone n’est pas abonné aux westerns, spaghettis ou pas. Ses notes soutiennent les comédies, policiers, horreur, films érotiques des Dario Argento, Mauro Bolognini, Giuseppe Tornatore, Brian de Palma, John Huston, John Boorman, Terrence Malick, Bernardo Bertolucci, Quentin Tarantino. Jusqu’à, en France, Henri Verneuil (Le clan des Siciliens). Manque à la liste Stanley Kubrick. Le génie américain avait tenté de joindre Ennio Morricone pour lui demander de composer la musique d’Orange mécanique. Le créateur était d’accord, mais Leone l’accapara et Kubrick ne rappela pas. Au grand regret de l’harmoniciste (et le nôtre, même si la BO de Wendy Carlos ne démérite pas, « aidé » par la 9e de Beethoven…).
Ce n’est pourtant qu’avec Les Huit Salopards de Quentin Tarantino qu’Ennio obtient son premier Oscar à 87 ans, en 2015, alors même que le thème se révèle beaucoup moins « mémorisable » que la plupart des autres films – à commencer par Mission impossible, excusez du peu ! – mis en onde par le génie.
Il va falloir chercher l’Ennio Morricone de la génération des films à venir. Sinon, le Dolby et le THX vont manquer de punch…
Olivier Magnan