Le discours de politique générale de Jean Castex pourrait devenir historique.
L’homme lut, l’homme fut applaudi, l’homme fut « aboyé », mais l’homme tint bon, au nom d’un discours qui eut toutes les apparences d’un programme incisif, positif, combatif : M. « Casse-tête », comme l’écorcha involontairement par un lapsus lingué le « France insoumise » Alexis Corbière, le Premier ministre des 600 jours, fit le job.
À droite, Éric Ciotti lui décerna du « discours creux, plat, sans souffle, sans calendrier », ce qui semble pour le moins malhonnête. Jean Castex a « coché toutes les cases », selon l’expression à la mode. Il a en tout cas montré à quel point le changement de Premier ministre, que l’on regrette ou pas Édouard Philippe, était nécessaire : effectivement, le maire du Havre n’eût pas été en mesure de se montrer critique comme le fut Castex à l’encontre de ses trois années de quinquennat ! Il fallait que le nouveau Premier ministre critiquât comme il l’a fait les manquements en masques et tests, qu’il convînt que le Président Macron fût débordé par la violence de la crise. La suite de son programme n’en prit que davantage de sens. Les mots et les idées furent assénés tranquillement, mais ils ouvrent à une rupture de République aussi concrète que possible, n’en déplaise à toute l’opposition quelque peu prise au dépourvu par ce martelage volontariste de pistes d’action.
Deux principes essentiels au nom de cette rupture : le bottom-up de l’élu de Prades – le mouvement de bas en haut comme principe d’action, l’impulsion des territoires et non plus du pouvoir central –, ce qu’en d’autres temps on appelait la décentralisation : une dynamique absolument nouvelle avec consécration du tandem maire-préfet et la différenciation des priorités selon le contexte local. Et une transition écologique qui fait du green business l’économie de demain. L’éditorialiste Christophe Barbier le formule très bien : « L’écologie est l’autre nom de l’économie » pour un Premier ministre qui assigne à la France l’objectif de devenir la première nation décarbonée de l’histoire de l’humanité. Pour votre serviteur qui écrivait hier que le Président de la République avait raté son rendez-vous avec les Français.es en ne s’inscrivant pas dans cette perspective essentielle, tout s’éclaire : Emmanuel Macron ne pouvait griller le scoop de son Premier ! Une façon de lui laisser l’initiative tout à l’honneur d’un président qui laisse pleinement la mise en œuvre de son programme, comme le prévoit la Constitution, au chef du gouvernement.
Si les 600 jours de ce tandem tiennent leurs promesses, soyons optimistes : les entreprises doivent s’emparer de ce défi enfin lancé. Comptez sur nous pour le leur rappeler.
Olivier Magnan