Mauvais emploi, risque des déchets, coût exorbitant ne sont-ils pas plus dangereux que le strict respect des mesures barrières…
Nous voilà désormais tous.tes masqué.es. Seuls la rue, la plage, les espaces ouverts accueillent encore des visages entiers. Discipliné.es, pour ne pas dire obéissant.es, ou simplement peu pressé.es de payer 135 euros leur étourderie ou leur refus de se plier à une mesure controversée, les Français.es se murent dans les « niqabs » de toutes les couleurs. Ils.elles feraient bien de pousser le civisme jusqu’à ne pas jeter le rectangle de papier ou de tissu dans la rue. Mais, ça, c’est trop leur demander, comme les fumeurs jettent encore leurs mégots sans vergogne…
A priori, se masquer relève du bien commun. Car après la phase « ça ne sert à rien de porter un masque » (dixit Jérôme Salomon, le patron de la Santé, au début de l’épidémie), l’ère du « portez-en tous » a sonné. Encore faudrait-il que le jetable ou le lavable soient correctement utilisés. Ils ne le sont pas. Comment voulez-vous être certain que nos millions de compatriotes ne jouent pas les concombres masqué.es à la bonne franquette, c’est-à-dire sans se soucier des règles d’utilisation pourtant indispensables, celles qui s’imposent aux médecins et aux chirurgiens et que nous rappelons ici ? Et comment dès lors affirmer qu’un masque contaminé que l’on tripote, que l’on ne change pas toutes les quatre heures, que l’on empoche au sortir du magasin ne se révélera pas plus dangereux que l’absence de port, dans le respect des gestes barrières ? Sans parler du monceau de détritus dangereux que les « premiers de corvée » devront ramasser un peu partout…
Autre « légèreté » des autorités démasquées dans leurs contradictions : qui va payer ? Si les salarié.es trouvent en général sur place leur quota de masques que les entreprises paient, croyons-nous sérieusement que les ménages aux moyens limités vont débourser les 96 euros mensuels en masques lavables qu’une famille de quatre personnes consomme en un mois (128 euros pour les jetables) ? Peu probable. Il m’est avis qu’économie aidant, un masque va tourner devant les bouches et les nez bien au-delà de sa date de péremption…
Alors dépêchons-nous de sourire face aux employés nus de l’hypermarché Leclerc de Luçon en Vendée qui jouent les bravaches pour la bonne cause, avec l’appui d’Édouard Leclerc en personne. Leurs collègues qui s’en iront ramasser les masques jetés dans les parkings et les poubelles finiront par ne guère apprécier la croisade des crachoirs contaminés.
Que faudrait-il faire ? Obliger les commerçants à distribuer des masques à tous leurs clients et à prévoir de vastes réceptacles de déchets au sortir des magasins – ce que les nus de Vendée devraient demander à Édouard Leclerc qui ne serait peut-être pas aussi partant ? Décidément, ce virus est plus fort que l’humain.
Olivier Magnan