Au moyen de gestes souvent gratuits dont on sous-estime la portée.
Nous entrons – enfin – dans une décennie où les politiques des États – enfin – clairvoyants et les prises de conscience, de la part des entreprises, que l’écologie au quotidien n’est pas réservée aux individus chez eux et elles, vont déboucher sur des actions concrètes. Les grandes « boîtes » ont déjà recruté leur responsable RSE ou du développement durable. Mais 99 % des entreprises françaises sont des PME (moins de 250 salarié.es). Sans poste dédié, par nature sevrées du temps nécessaire pour réfléchir à la mise en place de gestes efficaces, elles doivent – que l’initiative vienne du.de la dirigeant.e ou d’un.e salarié.e – puiser dans la documentation en passe de fleurir chez les éditeurs.
Après tout, ces mêmes TPE/PME ont bien su, largement contraintes, mettre en place des procédures pour l’accueil sécurisé de leurs collaborateurs. La même démarche de bon sens pourrait dans la foulée s’appliquer à des « bonnes pratiques » dont l’énumération traîne un peu partout. Et notamment dans les premiers « manuels » qui s’y consacrent.
Celui qu’a rédigé Pascale Baussant, cheffe d’entreprise, spécialiste de finance responsable et administratrice de l’association 1 % pour la planète, en fait partie. Mince comme tout – 131 pages de papier recyclé –, il s’ouvre sur une préface de Yann Arthus-Bertrand qui a le mérite de ne pas théoriser à outrance l’urgence à agir : « Il est trop tard pour être pessimiste », assène celui qui voit le monde dans sa globalité. Agir, donc, non seulement pour contribuer à limiter le réchauffement climatique, mais pour normaliser son entreprise dans des règles de comportement qui seront, qu’on le veuille ou non, la norme de l’après-covid. Et comme 60 % de la population française pensent qu’il est urgent d’agir, cette majorité, masquée ou pas, choisira parmi les 3 millions d’entreprises en France celles qui afficheront leur engagement.
Or « une génération de PME françaises très engagées fait de la contrainte écologique une clé de son succès », constate Pascale Baussant, en écho à l’article de Cécile Ezvan paru en 2017 dans la revue Projet, Les cercles vertueux des PME innovantes. Marc Ingham, enseignant-chercheur à l’ESC Dijon, ne disait pas autre chose en 2014 : Vers l’innovation responsable – Pour une vraie responsabilité sociétale (De Boeck).
De la gratuité au coût raisonnable
L’opuscule a beau se vouloir mince, on est surpris par la densité de son sommaire. Baussant a rangé ses actions sous des angles qui parlent aux PME, Les actions gratuites, Les actions peu coûteuses, Les actions plus coûteuses. On est emballé par le pragmatisme : dans le gratuit, l’écologue nous conseille de choisir une police de caractères économe en encre, créée à cet effet. Comme la Ryman Éco ou l’Écofont. Ou la Century Gothique qui réduit l’appel à l’encre de 30 % par rapport à l’universelle Arial ! Le choix du moteur de recherche agit à son tour sur l’environnement : avec Ecosia, 45 à 60 requêtes déclenchent la plantation d’un arbre. Avec Lilo, on contribue au financement de projets sociaux. Ce qui coûtera un peu plus à la PME volontariste, ce sera par exemple le choix d’un fournisseur d’électricité verte. Ou s’investir dans le mécénat environnemental. Entre les deux, prendre les seuls taxis hydrogène ou réduire la pollution des mégots ne mettra pas en danger la plus petite des entreprises… OM
Petit manuel pour l’entreprise, comment agir pour le climat, Pascale Baussant, EMS.