Il est politiquement incorrect de l’affirmer. Pourtant, entre les mesures gouvernementales, la niaque des chef.fes de PME et l’avènement d’anticorps français, la covid est derrière nous.
On ne meurt presque plus du Sars-Cov-2 en France. Sans vaccin ni anticorps. Il faudrait peut-être le souligner avant tout. Serait-ce prendre le risque d’inciter à en finir avec gestes barrières et port du masque ? Pas sûr. Il y aura toujours des sans-masque bien décidé.es à passer entre les mailles du filet d’une surveillance policière bien peu efficace. C’est comme emprunter un couloir de bus quand on n’est ni bus ni taxi. Ou se livrer à toutes les incivilités imaginables : le citoyen respectueux des lois rêve qu’un flic surgisse à ce moment-là pour verbaliser le récalcitrant. Ça n’arrive jamais !
Le monde désormais s’est adapté – plus ou moins efficacement à la mesure de certains dirigeants imbéciles – à cette menace réelle mais impalpable. L’immense majorité des gens portent des masques enfin disponibles en dépit des remous financiers qu’ils suscitent : que l’État doive ou non le prendre en charge dans certains cas n’est plus qu’un débat qui trouvera son issue plus ou moins satisfaisante. Les rues sont pleines de masques, les gens ne s’embrassent plus ni ne se serrent la main, les entreprises ont intégré la contrainte et le coût, les courbes qui remontent sont en partie dues à la multiplication des tests, une deuxième vague n’est pas perceptible, la peur ne devrait plus, n’aurait jamais dû, nous traumatiser. Mais nous sommes, selon le psychothérapeute Pierre Nantas, autant de victimes potentielles du choc post-traumatique.
Une catégorie de Français.es semble résister à ce choc. Les entrepreneur.euses. Le nouveau numéro d’ÉcoRéseau Business qui paraît le 3 septembre le montre bien : la France est à la relance. Parce que ce gouvernement, de l’avis unanime, a eu raison de choisir l’endettement massif pour protéger entreprises et salarié.es. Aussi parce que cette économie alimentée à 99,9 % par des PME ont à leur tête, par nature même, des battant.es qui n’ont pas envie de se retrouver faillis ni de laisser s’évaporer ni mettre en péril ce qui constitue leur oxygène, leurs salarié.es. Paradoxalement, c’est surtout la minuscule part des « grands groupes » dont les patrons sont à l’abri qui annonce se délester de milliers de gens. Too big to fail, disait-on de ces géants en 2008 face à la crise financière. Il est vrai qu’ils seront réanimés au prix de plans sociaux par ce même gouvernement. Mais pour une fois, on a compris que les petites entreprises, si elles devaient tomber en masse, sont encore plus too big to fail par leur contribution au PIB.
On ne meurt pratiquement plus du Sars-CoV-2 en France. Peut-être même sera-ce une biotech française qui, à défaut de vaccin, soignera radicalement les contaminé.es dès les premiers symptômes et sauver toutes les vies.
Alors détraumatisons-nous. La covid aura beau demeurer endémique, elle tuera toujours moins que la grippe. Avec ou sans masque.
Olivier Magnan