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Le CEO et cofondateur de Moment, Raphaël Kakon, salue la rapidité de réaction des pouvoirs publics et l’efficacité des aides mises en place.
Elles représentent une extrême majorité de nos entreprises. Les fameuses PME/TPE ont, les premières, souffert de la crise sanitaire et économique. Raphaël Kakon, CEO et cofondateur de Moment, une toute jeune fintech française qui protège les PME contre les retards de paiement, décrypte la façon dont celles-ci ont traversé la crise. Il revient sur le plan de relance annoncé par le gouvernement.
Vous êtes au contact direct d’un nombre certain de PME. Comment ont-elles traversé la crise ? Votre fintech a-t-elle poursuivi son accompagnement auprès des entreprises ?
La crise a été particulièrement aiguë, notamment dans certains secteurs comme l’événementiel. Dans l’ensemble, je pense qu’on a assisté à la mise en place rapide et efficace du dispositif de soutien de l’État. Il a représenté une réelle source d’oxygène, vital pour les entreprises. Un dispositif qui reposait déjà sur des leviers tout à fait concrets et actionnables.
Nous, chez Moment, nous avons continué à accompagner nombre de PME. Toujours dans cette perspective de les protéger contre les retards de paiement de leurs clients/fournisseurs. Car oui, il faut savoir qu’en France environ un quart des faillites s’expliquent par des accumulations de retards de paiement. Il ne s’agit donc pas ici d’un phénomène de sous-activité pour l’entreprise. Moment a permis de sauver certaines PME.
N’avez-vous pas l’impression qu’avec l’octroi massif de prêts garantis par l’État (PGE), les PME actuelles se trouvent comme sous morphine ? Et éclateront ensuite ?
La mise en place de PGE a constitué une excellente mesure ! Indispensable pour préserver la valeur d’un certain nombre d’entreprises. Les conditions d’accès à ces prêts garantis se révélaient très abordables, sans la lourdeur administrative qu’on connaît habituellement. Un dispositif très direct et actionnable, qui a permis à beaucoup d’entreprises de traverser le désert de la crise.
Bien sûr, il s’agit d’une dette qu’il faudra rembourser. À court terme, les PME qui ont souscrit à un PGE vont voir leurs charges s’alourdir, ce sera visible dans leur compte de résultats. Il faudra alors pour elles générer de la marge supplémentaire. Les entreprises les moins viables vont sans doute disparaître, les faillites arriveront, c’est certain. Mais il fallait le faire.
Comment percevez-vous le plan de relance mis en place par l’État ? Êtes-vous optimiste pour l’avenir ?
Le plan de relance, c’est un plan à cheval entre accompagner les entreprises dans le futur, mais aussi un plan stratégique. Autour de trois volets : l’écologie, la compétitivité et la cohésion. Au sein de ce plan, 30 milliards d’euros se dirigeront vers l’écologie. Autrement dit, une PME qui travaille sans lien avec ce secteur sera moins concernée par cette relance. En revanche, sur l’ampleur et l’ambition de ce plan, je suis satisfait. Je me souviens qu’il y avait eu un projet de relance de plus de 50 milliards d’euros en 2017 sur cinq ans, là c’est le double sur une période plus restreinte. Donc, oui, le plan de relance se présente comme très ambitieux, les pouvoirs publics ont été réactifs.
Une chose sur laquelle il faudra aussi insister : maintenir ce lien avec les institutions financières. Notamment les banques. On l’a vu avec la mise en place des PGE, aidées par la garantie de l’État certes, elles ont accompagné les entreprises, près de 600 000. Donc, à l’avenir, les banques ne doivent pas geler les facilités aux entreprises. Il faudra aussi que les ménages retrouvent une certaine confiance pour réinjecter dans l’économie l’épargne accumulée durant le confinement.
Mais globalement, je trouve le plan de relance plutôt complet, toutes les mesures comme les impôts de production ou le dispositif de chômage partiel finalement allongé visent à sauvegarder des entreprises qui ont de la valeur. Les préserver pendant un temps plutôt que les laisser tomber maintenant pour tout redémarrer à zéro ensuite. En bref, je suis optimiste. Je sais qu’il y aura de la casse, mais je ne m’attends pas à une récession qui va durer cinq ans… Non, le capitalisme fonctionne, il saura de nouveau s’adapter.
Propos recueillis par Geoffrey Wetzel