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À coup d’indécences et de propos inquiétants, Donald Trump laisse planer le doute sur son comportement à l’issue du vote du 3 novembre. Au passage, il ébranle un des piliers de la démocratie aux États-Unis, la Cour Suprême. Sa réélection serait une catastrophe de plus dans une année 2020 qui n’a pas besoin d’une calamité de plus ! Mais le pire n’est pas à exclure.
Le décès le 18 septembre de la juge Ruth Bader Ginsburg, membre de la Cour Suprême, sommet du pouvoir judiciaire états-unien, pourrait bien conduire à des conséquences considérables. Figure de la gauche américaine, progressiste parmi les neuf magistrats de la Cour, Ruth Bader Ginsburg a exprimé le souhait, juste avant de s’éteindre, de ne pas être remplacée avant l’élection du futur président des États-Unis. La vieille dame savait que Donald Trump ne l’entendrait pas de cette oreille.
L’occasion est trop belle, pour un Trump, qui jacte à tout va comme un Donald, qu’il faut procéder au remplacement de la magistrate au plus vite, au profit d’un ou d’une magistrat·e conservateur·trice et complaisant·e à l’égard de la mascarade qui se joue à la Maison Blanche depuis quatre ans, cela va sans dire.
Problème : cette décision est une indécence politique qui met en péril la légitimité de la Cour Suprême. Un pilier démocratique, qui pourrait arbitrer l’issue du scrutin en cas de litige, et que Donald Trump n’hésite pas à politiser de plus en plus à son avantage. Depuis 2016, le milliardaire mégalo a déjà nommé deux magistrats à la Cour. Il tente aujourd’hui de passer en force et d’en nommer un troisième, quitte à déséquilibrer insidieusement l’institution et la placer en porte-à-faux en cas de victoire démocrate le 3 novembre.
Une victoire démocrate que Donald Trump pourrait bien nier. La question serait banale pour un responsable politique normalement constitué, mais pas pour Trump. Lorsqu’un journaliste lui demande, le 23 septembre, s’il est prêt à s’engager dans une passation pacifique du pouvoir en cas de défaite, il répond : « Nous allons devoir voir ce qui va se passer. » Inquiétant…
Bien malheureusement, il ne s’agit que d’une indécence de plus dans la collection du « président orange ». Rien qu’en cette année 2020, qui laissera des traces à tous les étages, M. Trump s’est livré à bien des maladresses. À propos de la mort de George Floyd, homme noir, sous le genou d’un policier blanc, il disait : « C’est un grand jour pour lui, c’est un grand, grand jour en termes d’égalité. » Comprenne qui pourra. Plus récemment, il qualifiait les sept balles tirées par un policier dans le dos de Jacob Blake, jeune homme noir, à un « craquage sous la pression », tel un golfeur qui rate son coup… De l’indécence à l’irresponsabilité en passant par l’irrespect des victimes et le refus de condamner le racisme, faut-il en dire plus pour cerner le personnage ?
La cause écologique a aussi droit à du Trump dans le texte. Son climatoscepticisme assumé pourrait se résumer en cette phrase, lancée en Californie alors que toute la côte ouest brûle sous l’effet d’incendies criminels : « Ça finira par se refroidir ». Peu étonnant, malheureusement, de la part de celui qui estime que « le réchauffement climatique n’est pas dû à l’homme ».
Donald Trump n’est pas un pitre, c’est un homme dangereux. Dangereux pour la démocratie américaine, les droits sociaux, la protection de l’environnement et la stabilité démocratique internationale.
Il est temps de mettre fin à cette triste comédie. Nous ne pourrons pas voter le 3 novembre. Mais nous pouvons espérer, pour les citoyen·ennes américain·es, les populations immigrées, les Afro-américain·es, le climat politique international, pour la lutte contre le réchauffement climatique, et au final pour la planète entière que celles et ceux qui voteront, du·de la citoyen·ne américain·e aux grand·es électeur·trices ne renouvelleront pas l’« erreur » (est-ce le mot ?) de 2016.
Adam Belghiti Alaoui