Par Théophile Claudel et Octave de Lussac, étudiants Audencia Grande Ecole
QUELLE EST LA VALEUR D’UN BAGAGE TECHNOLOGIQUE AU SEIN D’UNE SOCIÉTÉ DE CONSEIL ?
Le conseil n’a jamais été plus tendance qu’aujourd’hui, et il n’a cessé et ne cessera pas d’évoluer. Selon Statista, le conseil en informatique a été évalué à 710 milliards de dollars en 2016, chiffre qui devrait se situer aux alentours de 853 milliards en 2021. Mais le consulting a changé ces dernières décennies. Depuis l’année 2000, la révolution numérique, et même plus généralement technologique, a profondément bouleversé le monde du conseil, car les entreprises ont dû passer au numérique dans un monde de plus en plus connecté. C’est là que les consultants alliant compétences techniques et de conseil ont un rôle à jouer. Si un consultant possédant cette double compétence est un véritable atout pour les sociétés de conseil, quelle est sa valeur ajoutée par rapport aux autres ? En quoi les sociétés de conseil pourraient-elles tirer profit d’un consultant ayant ce profil ?
LES CERVEAUX X ET Y
La première chose qui distingue un consultant ayant reçu une formation scientifique d’un autre est l’esprit cartésien et logique qui caractérise ce type d’études. Damien Rouault, directeur du conseil en stratégie des données chez Keyrus Management le résume avec humour : « La précision est ce qui fait la différence entre la fabrication du savon et celle de la TNT ». En effet, cette rigueur, en favorisant une estimation plus précise de la faisabilité et de la complexité, contribue ainsi à faire gagner en crédibilité la formulation des propositions, une étape clé du conseil. M. Rouault poursuit : « Certains consultants donnent des indicateurs en qualifiant la difficulté de simple, moyenne ou complexe, mais cela ne veut pas dire grand-chose ». Cette évaluation de la complexité ne fournit en effet aucune information précise, n’inspire pas confiance, et un esprit scientifique sera moins enclin à ce type de raisonnement en contradiction avec les compétences acquises au cours des études scientifiques.
Le consultant possédant une formation technique constitue également un lien parfait entre l’entreprise et son volet technologique, comme le défend M. Rouault : « La culture technologique apporte un plus, car elle permet de mettre au point des méthodologies cohérentes et de les enrichir en termes de complexité ». Ce type de consultant peut vulgariser la technologie lorsqu’il est question de stratégie, mais peut également échanger avec les responsables techniques et comprendre tous les enjeux d’une situation.
« Dans la mesure où chaque processus dispose de plus en plus fréquemment d’un barycentre pour les étapes de traitement par automatisation, il est nécessaire de disposer de compétences technologiques ».
Damien Rouault
NE PAS CHOISIR DE CAMP !
Les doubles compétences sont relativement rares dans le domaine du conseil, et en début de carrière, la plupart des consultants prend une forte orientation fonctionnelle ou technologique. Néanmoins, s’il dispose d’une formation scientifique et technique, le consultant a la possibilité de se placer au centre : il ne sera ni un expert fonctionnel ni un expert technique, mais sa capacité à faire le lien entre les deux et la rareté de ses compétences en feront un acteur aussi agile que précieux. L’évolution du conseil étant très standardisée, un bagage technique ne permettra pas nécessairement d’évoluer plus vite ou plus loin, mais les possibilités d’évolution seront plus importantes du fait d’un éventail de compétences plus large.
Il est très rare de trouver un consultant qui soit à 50 % technologique et à 50 % commercial, car la majorité d’entre eux choisissent d’être soit 100 % technologique, soit 100 % commercial. Et M. Damien Rouault ajoute : « Je suis le seul dans mon entreprise à être encore 50 % technologique et 50 % commercial. Ils sont venus me chercher et n’ont pas lésiné sur les moyens pour travailler avec moi ». De plus, les enjeux économiques sont très importants, et dans une ère numérique comme la nôtre, il est nécessaire que l’entreprise soit numérisée pour ne pas perdre de clients. Si vos clients évoluent et que vous ne le faites pas, les choses se compliqueront, et c’est donc une vraie chance d’avoir dans son équipe un consultant 50/50.
« Les hommes sont comme les chiffres, qui n’acquièrent de valeur que par leur position. » Napoléon Bonaparte
En outre, un consultant ayant une double compétence, mais mal positionné au sein de l’entreprise, n’exploitera pas son plein potentiel. La position de chaque consultant est en effet primordiale. Comme l’explique M. Rouault : « Une double compétence travaillant sur la stratégie n’exploite pas tout son potentiel, alors que si vous travaillez sur le plan d’action d’une entreprise qui a des besoins technologiques, c’est parfait et c’est un véritable atout ». En effet, la compréhension des besoins du client sera meilleure et le consultant pourra y répondre plus efficacement.
Il va sans dire que le fait de posséder une double compétence vous apporte plus de crédibilité, tout d’abord auprès de votre client, mais également au sein de votre entreprise. M. Rouault nous a confié à ce sujet : « Parfois, mes collègues viennent me poser des questions sur la solution technologique de leur projet, et, sans même avoir travaillé dessus, je peux facilement leur dire si leur solution est viable ou non. Je suis très sollicité dans mon entreprise sur ce type de questions ». Le bagage technique fait défaut à de nombreuses sociétés de conseil, et celles qui en possèdent sont très demandées, car elles restent encore assez rares sur le marché.
Des consultants qui pensent différemment apportent plus de diversité à cette profession. Ce qui importe est de bien positionner les employés et de leur confier les missions qui peuvent mettre en valeur les compétences uniques qu’ils possèdent. Cela apporte crédibilité à la société et confiance au client qui ne demande qu’une chose : la meilleure expertise possible. La rareté de la double compétence chez un consultant est donc une très importante valeur ajoutée pour les clients et les cabinets de conseil, et elle ne doit être sous-estimée ni par les uns ni par les autres. Des compétences élevées pour répondre à des exigences qui le sont tout autant…
UN AVENIR PLEIN D’OPPORTUNITÉS
La double compétence est quelque chose de nouveau dans le métier de consultant, et il est intéressant de se demander comment elle sera développée à l’avenir par les cabinets de conseil. Les besoins des entreprises étant de plus en plus axés sur l’informatique, les sociétés de conseil seront-elles en mesure de suivre la demande ? Vont-elles développer des logiciels comme Transparency Lab qui permettent à certaines entreprises de bénéficier automatiquement de services de conseil ? Autant de questions que les sociétés de conseil devront examiner au cours des prochaines années. À suivre…