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Il va nous falloir une énergie nouvelle pour sortir du couvre-feu.
Le Président Macron a le sens du sacrifice. Pas le sien, quoique sa réélection va dépendre de son bilan de crise. Le sacrifice de quelques filières professionnelles pour sauver le reste. Un peu style Radeau de la Méduse ou Il était un petit navire : on sacrifie les bars, les restaurants, les discothèques, un peu de cinéma, beaucoup de théâtre, de l’art vivant qui ne le sera plus longtemps, pour parodier l’un de ses animateurs, Jean-Michel Ribes, et tous ces métiers de la nuit, y compris, y pense-t-on, la prostitution nocturne. Cette fois, la courte paille est tirée par les métiers des petits et grands plaisirs qui s’épanouissent après 21 heures. Les autres, les forts des halles, les gardiens de nuit, les cheminots, les bagagistes, les rares personnels navigants qui volent encore, les conducteurs de métro, les constructeurs de routes (on en a besoin dans les Alpes-Maritimes) et quelques journalistes enchaîné·es aux bouclages tardifs (j’en connais) échappent au couvre-feu pourvu qu’ils sortent couverts par le laisser-passer des temps confinés.
Les Français, comme bon nombre d’Européens, sacrifient donc la détente au travail, le loisir à l’économie. Pour les trois quarts d’entre nous, confirme le sondage du jour, le sacrifice présidentiel est accepté : s’il faut en passer par là…
Pourtant, au-delà de son sourire paternel et de l’approbation résignée, le leader maxihexagonal a semé l’anxiété, d’autres sondages le montrent. Couvre-feu, état d’urgence, villes discriminées pour taux de covidstérol excessif, les mesures publiquement approuvées exhalent leurs relents de punition. Que les métiers des plaisirs de la nuit en soient la cible vous a un petit air de prohibition. Et qu’on le veuille ou non, la confirmation que nous n’en sommes pas sortis va ralentir l’élan de l’activité reprise depuis l’été. C’est le moment de se passer en boucle le débat que j’ai eu le plaisir d’animer avec cinq chef·fes d’entreprises résilient·es, le 13 octobre, au sein du salon SME virtuel, et dont la vidéo figure pour quelques jours encore en tête de cette lettre quotidienne. Ces femmes et ces hommes qui « vendent » de la résilience en entreprises par leurs conférences ou leurs masterclasses, ou qui ont su se relancer eux·elles-mêmes dans l’action pourraient peut-être constituer un Conseil de la Résilience, sinon de la Résistance, aux côtés du Scientifique qui n’en finit pas de « retenir la nuit ».
Retiens la nuit
Pour nos cœurs, dans sa course vagabonde
Olivier Magnan