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En 2019, 73 % des agriculteur·rices exploitant·es sont des hommes.
Sans doute le poumon de notre pays. Ils·elles nous nourrissent et nous font vivre. Vous avez peut-être vu le film Au nom de la terre, une immersion dans le monde éprouvant de l’agriculture. Vendredi 23 octobre, plus académique, l’Insee a publié une étude sur les agriculteur·rices français·es, une population qui reste – encore aujourd’hui – assez méconnue. En réalité, ces travailleur·euses de la terre n’ont jamais été aussi peu nombreux·euses. En parallèle, le métier ne cesse de se « masculiniser ». Analyse.
Une première contradiction : malgré l’augmentation de la taille des exploitations agricoles, le nombre d’agriculteur·rices en France a fondu en quarante ans. D’après l’Insee, en 2019, 400 000 personnes en emploi (au sens du BIT) se définissent comme agriculteur·rices exploitant·es. En tant qu’emploi principal. Un chiffre abyssalement faible par rapport à 1982 où l’on pouvait encore compter 1,9 millions d’agriculteur·rices. Quatre décennies qui ont fait passer la part de cette catégorie dans l’emploi total de 7,1 % en 1982 à… 1,5 % en 2019. Une population qui, par le nombre, se retrouve très marginale.
Une hégémonie masculine
L’agriculture, une affaire d’hommes ? À en croire les données publiées par l’institut français, les agriculteurs se révèlent bien plus nombreux que les agricultrices. Et de plus en plus. Car si en 1982, environ 61 % des agriculteur·rices exploitant·es étaient des hommes, en 2019, ce chiffre a grimpé à 73 %. Les trois quarts donc. Pour rappel, au total, parmi les personnes en emploi, 52 % sont des hommes, on en déduit une surreprésentation de la gent masculine dans le domaine agricole. Pire encore, près de 90 % des entrepreneur·euses de travaux agricoles ou exploitant·es forestier·ères indépendant·es demeurent des hommes.
Sur leur niveau de diplôme, les agriculteur·rices apparaissent un peu moins diplômé·es que l’ensemble de la population, mais la tendance s’équilibre peu à peu. En 2019, 26 % d’entre eux·elles ont obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 43 % des personnes en emploi. En revanche, un tiers des agriculteur·rices se révèlent titulaires d’un BEP ou CAP.
Pas de frontière entre semaine et week-end
La très grande majorité des agriculteur·rices n’emploient aucun·e salarié·e. Ce qui leur rend la tâche encore plus difficile. Les heures de travail ne semblent pas comptées et la semaine se poursuit jusqu’au week-end : en 2019, 88 % d’entre eux·elles ont travaillé au moins un samedi au cours des quatre dernières semaines (contre 39 % de l’ensemble des personnes en emploi) et 71 % au moins un dimanche (contre 22 %). Ils·elles déclarent aussi plus souvent « travailler la nuit ».
D’autant plus contraignant que les agriculteur·rices vieillissent. En effet, l’Insee souligne qu’un·e sur deux dépasse les 50 ans. A contrario, seuls 1 % des agriculteur·rices ont moins de 25 ans. GW.