Temps de lecture constaté 2’10
Procéder à « un coup de frein brutal », après un couvre-feu quasi inutile. Le couperet est tombé. Le Président de la République a pris la décision de reconfiner les Français·es dès jeudi minuit. Et cela jusqu’au 1er décembre. Comme un air de déjà-vu, « un jour sans fin », dixit Emmanuel Macron.
Nous y étions préparé·es. Des semaines – pour ne pas dire des mois – que le gouvernement nous cajole, nous berce, nous endort, pour finalement nous annoncer une nouvelle qui était encore impensable au lendemain du 11 mai. Le couvre-feu d’abord, pour mieux faire accepter le confinement ensuite. Une com prévisible, calculatoire, sans saveur ni force de conviction. Contradictoire aussi, dans des laps de temps très courts. Rassurer, inquiéter, affoler.
Face à une situation sanitaire qui n’a jamais autant piqué sa crise – près de 3 000 personnes actuellement en réa, a priori 9 000 mi-novembre –, on ne pourra s’empêcher de penser que le gouvernement a agi une fois de plus après coup. Et pourtant, au vu de l’atmosphère apocalyptique décrite par Macron, « une deuxième vague encore plus dure et meurtrière que la première », « le virus circule en France d’une façon que même les prévisions les plus pessimistes n’avaient pas envisagées », un sentiment de surjeu de la surprise pour justifier les failles d’une préparation chaotique. Puisque notre président raffole de rappeler ce qui se fait ailleurs, le Pays de Galles et l’Irlande ont, eux, réagi bien plus tôt.
Problème, nous n’avons tiré aucune leçon depuis le mois de mars. Hormis l’esclandre des masques enfin résolue. Comment Emmanuel Macron fait-il pour ne pas rougir lorsqu’il affirme fièrement disposer de 1 000 lits de plus en réanimation par rapport au printemps ? Un total de 6 000 donc, dérisoire ! Le résultat de politiques qui – tous gouvernements compris – ont abandonné leurs hôpitaux. Et pourtant, le président n’a cessé de marteler qu’il ne croyait pas à « l’opposition santé et économie. » Une prime covid ne suffira pas lorsqu’il s’agira de choisir qui soigner « entre deux patient·es covid », un scénario qu’on ne peut pas exclure d’après le chef de l’État.
Tragique oui, pas au point de fermer les écoles ni d’empêcher les gens d’aller travailler. L’art de l’ambiguïté En Marche. Vous vous rappelez que la deuxième vague sera pire que la première ? C’est pourquoi le confinement sera plus souple. Aucune leçon tirée depuis le printemps… quelle méprise ! Si, celle de ne plus vouloir subir la violence de l’impact de la crise sur l’économie. Les écoles resteront ouvertes au motif de poursuivre l’instruction, peut-être. Permettre aux parents d’aller travailler, sûrement.
Quand le professeur parle, on l’écoute. Quand il nous fait la morale, aussi. On réussira grâce à la mobilisation de toutes et tous. Veuillez cesser « les réunions avec vos ami·es », « respectez les règles », « restez chez vous », « ne sortez que pour travailler ». Pédagogie par la répétition. Nous sommes prévenu·es. Si nous échouons. Ce sera de notre faute. Ou presque.
Geoffrey Wetzel