Financement participatif, crédit-bail, garanties bancaires… Petit panorama des aides à la création d’entreprise. Et à l’embauche.
Deux mois de confinement, moment clé pour mûrir ce projet que vous méditiez entre deux allers-retours vers le boulot d’avant. Crise ou pas crise, vous vous lancez. Mais où trouver les premiers fonds ? Comment payer votre premier·ère collaborateur·trice ? Il n’existe pas seulement des prêts bancaires pour créer sa boîte.
La crise covid-19 n’aura pas empêché les Français·es d’officialiser leurs projets. D’après l’Insee, en juin, le nombre de créations d’entreprises a bondi de 38 % par rapport au mois précédent, après s’être quelque peu tassé en août (+ 0,4 %). L’autonomie semble à beaucoup la réponse à des perspectives bouchées ou des salariats étriqués. Un projet dans lequel ils·elles se sentent pleinement investi·es. Pour franchir le cap, comme un jeu de cartes ouvert en éventail, vous tirez un financement participatif, des garanties bancaires, un crédit-bail… Encore faut-il savoir jouer de ces atouts. Règles du jeu.
Les prêts : cumulables jusqu’à 50 000 euros, mais…
C’est une jungle ! On a décompté jusqu’à 1 200 aides et soutiens, mais ciblés sur des publics particuliers – chômeurs, jeunes femmes, ex-salarié·es… Un réseau d’accompagnement vous aidera à faire le tri. Pour éclaircir le terrain, trois grands types de prêts pour situer les enjeux.
1. Parmi les prêts un petit peu moins traditionnels, le prêt d’honneur s’apparente à un prêt à taux zéro, sans intérêt et sans garantie. Il ne s’agit pas d’un prêt qui s’adresse à l’entreprise mais à la personne, d’où la possibilité de multiplier les prêts d’honneur si vous êtes plusieurs associé·es.
• Montants envisageables : entre 2 000 et 50 000 euros.
• À savoir : le prêt reste subordonné à un emprunt bancaire. Il est octroyé par des réseaux comme Réseau Entreprendre ou Initiative France.
2. Le prêt Nacre, lui aussi à taux zéro, sans intérêt et sans garantie.
• Montants envisageables : entre 1 000 et 8 000 euros
• À savoir : ce type de prêt doit être apparié à un prêt bancaire ou microcrédit. Seule contrainte, vérifiez bien que votre région le délivre toujours, car le dispositif demeure – sur certains territoires – en pleine refonte.
3. Le microcrédit.
• Montant envisageable : au maximum, 10 000 euros, pour 48 mois au plus et à des taux d’intérêt généralement de 6 ou 7 %.
• À savoir : si les banques vous boudent par manque de garanties réelles ou d’apport suffisant, le microcrédit sera peut-être le point de départ. Il est octroyé par l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie).
Financement participatif : mieux vaut un projet original
Et si vous vous en remettiez au public, le plus large possible, pour financer votre création d’entreprise ? C’est possible avec ce qu’on appelle le financement participatif, soit la participation du grand public à votre projet via un don (crowdfunding), un prêt (crowdlending) ou une prise de participation au capital de votre entreprise (crowdequity). Utiles et indiqués pour un projet dit « inattendu » qui ne rassure pas les établissements bancaires ni les réseaux prêteurs.
• Montants envisageables : le montant moyen collecté de dons via le crowdfunding varie entre 3 000 et 5 000 euros (baromètre FPF-KPMG). Il se révèle beaucoup plus élevé par prêt ou participation au capital.
• À savoir : vous devrez lancer votre appel à contribution sur la plate-forme adéquate. Il en existe une multitude, généralistes ou dédiées à des types de projets précis : culturel, sociaux, environnementaux etc. La « liste ultime » : www.crowdfundingfactory.fr/la-liste-ultime-des-plateformes-de-crowdfunding/.
Crédit-bail (leasing) : tout se loue
Il s’agit là de louer un matériel, un véhicule ou un immeuble, pour une période définie en amont. Un contrat de location opéré entre deux parties, une entreprise et une banque (ou un leaser). À la fin du contrat, l’entreprise se portera acquéreuse, continuera à louer, tentera de bénéficier d’un prix réduit ou rendra l’équipement. Le crédit-bail a notamment la cote pour la location d’un bien automobile ou d’un matériel industriel puisque la maintenance est incluse dans le loyer la plupart du temps.
• À savoir : le locataire a la possibilité de choisir la périodicité du règlement des loyers : mensuel, trimestriel, semestriel ou annuel.
Les garanties bancaires : le coup de pouce décisif
Plus le prêteur – surtout la banque – s’adosse à une garantie pour couvrir une partie de la perte finale en cas de défaillance d’un emprunteur, plus la décision d’un établissement bancaire à octroyer un prêt à un·e créateur·rice d’entreprise sera favorisée. Les entreprises existantes le vivent à travers le PGE, où « garantie d’État » fait merveille. Dans le cadre d’une création, consultez Bpifrance ou France Active, deux acteurs qui proposent des garanties bancaires. Avec le côté discrimination positive pour le second. France Active présente des garanties bancaires qui s’adressent spécifiquement aux femmes qui créent leur entreprise, aux demandeurs d’emploi, à des créateur·trices issu·es des quartiers dits « politique de la ville » ou qui s’y implantent.
À la recherche d’associé.es fortuné.es
D’autres aides financières à la création existent, comme les subventions en fonction des secteurs. Les domaines de l’édition, de la presse écrite ou du spectacle vivant en sont particulièrement les cibles.
Pensez à bénéficier d’une exonération des charges sociales lors de la première année d’activité si vous remplissez les conditions du dispositif de l’Acre (Aide à la création ou à la reprise d’une entreprise), un coup de pouce prioritaire accordé – depuis janvier 2020 – aux jeunes ou aux demandeurs d’emploi qui créeraient ou reprendraient une entreprise.
Un·e créateur·trice opiniâtre doit penser aux concours qui récompensent nombre de projets. Vous gagnerez peut-être des dotations, mais aussi de la visibilité, une aide précieuse.
Autre voie, royale et ambitieuse : les business angels. Des personnes physiques qui investissent une part de leur patrimoine au capital d’une entreprise, le plus souvent jeune, innovante et prometteuse. Des sommes levées qui vont couramment de 100 000 au(x)… million(s) d’euros. M6 a diffusé jusqu’en février 2010 une sublime émission intitulée Qui veut être mon associé ? La revoir a de quoi donner des idées et des repères. Une page Wikipedia lui est consacrée : lien ici.
Geoffrey Wetzel