Un président contaminé gagne-t-il en empathie ?

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Aucun des dirigeants atteints par la covid n’a développé de forme grave, tant mieux. Mais leur cote n’en a pas gagné de points pour autant.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

Emmanuel Macron touché par la covid, rien de surprenant. Il semble bien que le petit microbe se joue des âges, des lieux et des barrières pour s’insinuer dans nos organismes, y passer incognito ou au contraire y créer des ravages jusqu’à la mort.

Mais ce président que l’on voit toujours bien masqué de bleu marine, qui se passe les mains au gel lors de chaque intervention publique va subir la suspicion réservée aux personnalités médiatisées : se protège-t-il bien et protège-t-il son entourage ? Apparemment, la Première dame est, elle, saine et sauve. Les trompettes de la renommée si mal embouchées vont gloser sur cette différence d’état sanitaire…

Au fond, gagne-t-on, dirigeant d’une nation, à partager l’affliction publique ?

La mascarade de Donald Trump et ses trois petits jours en clinique de luxe pour un test positif qui avait tout l’air d’un faux ne l’ont pas spécialement avantagé, sinon auprès de son électorat acquis qui reste, gardons-nous de l’oublier, considérable.

Jair Bolsonaro le Brésilien bravache qui s’est soigné apparemment avec succès à l’hydroxychloroquine, n’a fait que passer pour un crétin, ce qui n’a pas remis en cause sa dictature puisque la crétinerie est toujours la marque desdites dictatures.

Boris Johnson, lui, si peu précautionneux, aura été l’un de ceux qui souffrit le plus de sa petite incursion en coviderie, avec ses trois jours en soins intensifs. Désormais confronté au Brexit dur, il aura dans l’aventure perdu un peu de poids sans que sa cote ou sa décote dans l’opinion publique ne s’en trouve affectée. Beaucoup plus atteint, apparemment, Abelmadjid Tebboune, le président algérien carrément disparu deux mois d’affilée pour être soigné en Allemagne, a refait une apparition dans une vidéo postée : amaigri et, dit-il, convalescent. En Algérie, les disparitions de présidents pour cause de santé (Abdelaziz Bouteflika est resté six ans président impotent au pouvoir) semblent décidément devenu la norme.

C’est à peine si l’on se souvient qu’Andrzej Duda, le président polonais peut-être contaminé par son homologue roumain, fut isolé quelques jours sans conséquences fâcheuses. Ni le Géorgien ni le Croate, eux aussi contaminés, n’ont gagné ni perdu quoi que ce soit à partager les maux de leurs populations. Et qui sait que les présidents hondurien, dominicain ont été léchés par le virus, tout comme la présidente bolivienne par intérim, Jeanine Añez (la seule dirigeante, au passage) ?

Il n’empêche que le président d’un État testé positif acquiert sans doute plus de sympathie que de réprobation dans son opinion publique. Le bulletin de santé d’Emmanuel Macron sera passé au microscope chaque jour, avec le vœu que cette positivité à la covid, sur le jeune quadragénaire isolé à La Lanterne à Versailles, ne corresponde qu’à des symptômes limités et de peu d’effets. Espérons aussi que le Président ait chargé sur son smartphone l’appli tousensemblecontrelacovid, contrairement au Premier ministre qui avait avoué ne pas s’en être soucié. Mais curieusement, personne ne le lui a encore demandé…

Olivier Magnan

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