Qui va piano va dans le mur presto

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Les « antivax » soudain mués en « provax » sous l’effet lenteur !

Jacques Draussin

Tribune libre. Jusqu’au 27 décembre, on pensait que la vague antivax devait irrémédiablement continuer à déferler sur la France. Prudence et défiance s’unissaient pour s’opposer avec une volonté farouche à toute tentative de vaccination systématique.

Ni injection ni injonction. Ni dieu ni maître.

Mais ça, c’était avant. Avant Mauricette qui, dans toute la fougue et l’enthousiasme de ses 78 printemps, s’est portée volontaire pour recevoir le sérum tant contesté la veille encore.

Depuis, le ressac de la lame antivax est si rapide qu’on imagine le voir entrer un jour dans le livre des records du marketing social par sérendipité.

Dès le lendemain du geste symbolique de la résidente vedette de l’hôpital René-Muret de Sevran, la plupart des voix médiatisées les plus hostiles se sont en effet muées, magie de Noël, en promotrices convaincues de l’acte vaccinal, unanimes pour dénoncer la scandaleuse lenteur dont le gouvernement fait preuve en appliquant pourtant à la lettre la stratégie qu’il avait rendue publique début décembre dans l’indifférence générale. D’abord les populations les plus fragiles, moderato, puis les moins à risque, allegro ma non troppo.

Un plan d’action certes du genre planplan, passant par la vaccination préalable dans les 7 200 Ehpad de France, sur un tempo loin de l’excès de vitesse, ralenti par l’obligation d’obtenir le fameux consentement éclairé.

Quoi qu’on en dise, l’approche si violemment critiquée est en outre parfaitement conforme au principe de précaution – inscrit dans la constitution depuis 15 ans – même si force est de reconnaître que celui-ci ressemble plus aujourd’hui à un principe de parapluie, protégeant d’abord l’administration des retours de bâton judiciaires…

Malgré les appels à l’accélération à tout prix dont nous rebattent les oreilles les pro-vaccins hystériques et, désormais, les ex-pourfendeurs du sérum, le dernier sondage connu sur les intentions de vaccination des Français ne reflète pas, c’est le moins que l’on puisse dire, les avis sentencieux des pensionnaires permanents des plateaux TV et radio [58 % de réfractaires à la piqûre, + 8 points en un mois].

Soyons magnanimes. Si la polémique peut permettre à la campagne vaccinale de prendre rapidement corps et de mettre enfin en sourdine les cris d’orfraie de cette armée d’infectio-viro-politico-déclinologues de la 25e heure qui nous pourrissent l’espoir sans nous sauver la vie, on ne s’en plaindra pas. Alors, « quoi qu’il en coûte » et « quoi qu’il arrive », attaquons 2021 avec optimisme !

Jacques Draussin est l’éditeur de La Griffe santé

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