La création d’une entreprise est le début d’une (longue et exigeante) aventure. Pour qu’elle soit gratifiante et réussie, tant d’un point de vue personnel que professionnel, encore faut-il s’armer des bons outils et, si besoin, se faire accompagner par des professionnel·les. Et surtout, ne pas passer à côté des dispositifs publics et privés d’aide à la création et au financement des projets de création ou de reprise d’une entreprise. Des besoins vont se créer. Des places vont se libérer. De nouveaux services sont à inventer.
À l’heure du bilan de l’année 2020, on pourrait supposer, crise sanitaire et économique oblige, que les créations d’entreprises ont pris du plomb dans l’aile. Eh bien non ! Selon l’Insee, elles ont même augmenté de 4 % par rapport à 2019. Au total ce sont 848 164 nouvelles entreprises qui ont vu le jour en France, dans un contexte de crise. Pour autant, cette dynamique est toute relative et s’explique assez simplement, comme le résume Stéphane Lottin, vice-président du réseau d’accompagnement et d’aide à la création d’entreprise BGE et président de BGE Picardie : « C’est une année paradoxale en matière de création d’entreprises. Statistiquement, le nombre d’immatriculations a augmenté mais il s’agit en réalité surtout de microentrepreneurs qui ont fait gonfler les chiffres. C’est une augmentation en trompe-l’œil, beaucoup de projets ont été décalés ou mis en stand-by, notamment les projets à gros investissements où dans des secteurs à l’arrêt. »
Quoi qu’il en soit, l’entrepreneuriat progresse et surtout, se diversifie, au gré de l’émergence de l’autoentrepreneuriat et de l’entreprenariat social et responsable. Une chose est sûre : qu’importe le projet et son ou ses porteur·ses, sa structuration et son financement ne laissent pas de droit à l’erreur. L’accompagnement par des réseaux et des structures spécialisées est une solution parmi d’autres, qui s’avère payante, notamment pour s’informer sur les aides financières adéquates. « On estime aux alentours de 20 à 30 % le gain de chances de pérenniser votre entreprise si vous êtes accompagné par des professionnels de l’accompagnement. Ce qui reste un indicateur relatif, la réussite dépend du parcours de chacun », affirme Stéphane Lottin. Trop souvent peu connus, les dispositifs d’aides stratégiques et financières sont légion en France, sur tout le territoire et pour tous les types de sociétés. L’entrepreneur·se Français·e a cette chance, il faut la saisir. Tour d’horizon (non exhaustif) des principaux leviers d’accompagnement et de financement publics et privés de votre projet d’entreprise.
1 – Les aides publiques (État et régions)
Nacre
Le Nouvel accompagnement pour la création et la reprise d’entreprise accompagne les jeunes, les demandeur·ses d’emploi, les bénéficiaires de minima sociaux, les salarié·es d’entreprises en procédure de liquidation ou de redressement judicaire et les moins de 30 ans en situation de handicap, pour créer ou reprendre une entreprise. L’aide comprend un accompagnement pour le montage du projet et sa structuration financière. Depuis 2017, le Nacre est une compétence des régions.
Montant : 1 000 à 8 000 euros de prêt à taux zéro sur cinq ans maximum.
Acre
L’Aide aux créateurs ou repreneurs d’entreprise est une exonération des charges sociales totale ou partielles pendant les 12 premiers mois du projet de création ou de reprise. La demande doit être adressée au CFE (Centre de formalités des entreprises) compétent (CCI, CMA, Urssaf…).
Montant : exonération totale des charges sur les revenus du·de la demandeur·se sans excéder 75 % du Pass (plafond annuel de la sécurité sociale, 41 136 euros en 2020), dégressive sur les revenus compris entre 75 % et 100 % du Pass et pas d’exonération si les revenus dépassent le Pass, mais taux de cotisations réduits pendant 3 ans.
Arce
L’Aide à la reprise et à la création d’entreprise est versée par Pôle emploi, sous forme de capital des allocations-chômage du·de la demandeur·se d’emploi bénéficiaire à la fois de l’ARE (Allocation d’aide au retour à l’emploi) et de l’Acre. Le versement s’opère en deux fois : à la date de réunion des conditions d’attribution de l’Arce, puis six mois après la date de création ou de reprise de l’entreprise. En 2017, l’Arce a soutenu près de 40 000 projets, pour 493 millions d’euros versés.
Montant : 45 % du reliquat des allocations-chômage à la date de début de l’activité.
Crédit solidaire
Les crédits solidaires sont accordés par l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) qui propose des microcrédits ou par la Société coopérative de finances solidaires (NEF). Pour les jeunes créateur·rices, l’Adie propose un microcrédit complété par un prêt d’honneur à taux zéro et un accompagnement personnalisé.
Montant : jusqu’à 10 000 euros selon les projets, 4 ans pour un microcrédit, 5 ans pour un prêt d’honneur.
Les aides de Bpifrance
• Garantie création : la Banque populaire d’investissement propose une garantie en complément d’un prêt pour les TPE-PME créées depuis moins de trois ans, sous la forme d’un prêt bancaire garanti à hauteur de 60 % pour une création ex nihilo et de 50 % dans les autres cas.
• Bourse FrenchTech : une subvention accordée aux entrepreneur·ses porteur·ses de projets innovants ou de start-up et à toute entreprise à réel potentiel de croissance dans un secteur innovant lancée il y a moins d’un an.
Montant : jusqu’à 70 % des dépenses éligibles prévisionnelles dans la limite de 30 000 euros pour la Bourse French Tech et de 45 000 euros pour la Bourse French Tech Emergence.
Aide à la création et reprise d’entreprise pour les travailleurs handicapés
Une aide financière spécifique et ciblée, pour les personnes en situation de handicap sans emploi qui souhaitent créer une entreprise. Elle est dispensée par l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) sous forme de subventions.
Montant : 6 000 euros maximum versés en complément d’un apport minimum de 1 500 euros.
L’association H’up entrepreneurs, si elle n’apporte pas de financement, est essentielle pour les conseils qu’elle dispense, les relations qu’elle génère et les trophées qu’elle organise : https://h-up.fr/
2 – Les aides privées gérées par des organismes indépendants
Prêt d’honneur
Prêt à taux zéro d’une durée d’un à cinq ans maximum, sans garantie ni caution personnelle, accordé par des réseaux d’aide à la création d’entreprise (Initiative France, Réseau Entreprendre, France Active, Adie, BGE). Il s’agit d’un dispositif très prisé par lequel souscrire sans apport un emprunt bancaire pour boucler le financement de son projet. On estime que pour 1 euro perçu au titre du prêt d’honneur, la banque accorde 7 à 13 euros de financement complémentaire.
Montant : de 2 000 à 50 000 euros (100 000 euros pour les projets innovants) selon les réseaux.
Garanties bancaires de France Active
Elles sont destinées aux personnes sans emploi ou en situation de précarité économique mais créateurs d’une entreprise, en particulier les entrepreneur·ses des territoires fragiles (quartiers prioritaires…), les chômeur·ses de longue durée et les entreprises de l’économie sociale et solidaire.
Montant : couverture jusqu’à 80 % du montant du prêt bancaire (montant garanti limité à 50 000, 100 000 ou 200 000 euros selon le projet). La durée de la garantie est de 5 ans maximum.
Garantie égalité femmes de France Active
Seul dispositif national consacré exclusivement aux femmes entrepreneuses. Il facilite l’accès au crédit bancaire pour financer la création, la reprise ou le développement d’une entreprise. La responsabilité de l’entreprise doit être assurée en titre et en fait par une femme.
Montant : couverture jusqu’à 80 % du montant du prêt bancaire (50 000 euros maximum). La durée minimum de la garantie est de 24 mois.
D’autres dispositifs d’aides existent par secteur et des crédits d’impôts spécifiques (Jeune entreprise universitaire, crédit d’impôt pour la création de jeux vidéo, aides européenne, concours pour jeunes entrepreneur·ses organisés par l’État ou des fondations, prime POA pour les entreprises agricoles…). Pour consulter une liste détaillée des offres par secteur et territoire, renseignez-vous auprès de votre mairie et de votre CCI.
Adam Belghiti Alaoui