Depuis sa sortie de l’Union européenne, le Royaume-Uni enregistre une chute historique de ses exportations vers le continent.
C’était attendu, les conséquences immédiates du Brexit sur les relations commerciales entre le Royaume-Uni et ses voisins européens sont déjà là. Sur le seul mois de janvier 2021, la chute des exportations vers le vieux continent est inédite. Après la dégringolade de la Bourse de Londres au classement des places boursières européennes, voilà un énième coup dur pour l’économie britannique.
Les effets du Brexit ne se sont pas fait attendre, et s’accumulent dangereusement. Les chiffres publiés le jeudi 11 mars par l’Office national des statistiques (ONS) britannique s’accompagnent d’un amer constat pour le Royaume-Uni : son commerce extérieur et ses relations commerciales avec le reste de l’Europe sont en net recul depuis janvier. Les graves conséquences du « no deal » en matière commerciale sont bien là. En janvier 2021, les exportations de biens britanniques ont ainsi plongé de 19,3 %, à 5,3 milliards de livres, en raison d’une dégringolade de près de 41 % des exportations vers l’Union européenne. Selon l’ONS, il s’agit, en prix et volumes de « la plus forte chute en un mois depuis que ces chiffres ont commencé à être mesurés en janvier 1997. La sortie du marché unique, officielle et effective depuis le 1er janvier 2021, a déjà de lourdes conséquences. À quoi s’ajoutent les restrictions sanitaires qui pèsent sur des ports de transit de marchandises déjà sous pression, ainsi que des retards de commandes qui s’accumulent depuis le début de la crise. Pandémie de la covid et Brexit, le cocktail est explosif.
Dans le détail, les importations de l’UE les plus touchées sont les machines et le matériel de transport, ainsi que les médicaments et les produits pharmaceutiques. Surtout, l’ONS souligne l’importance et la pertinence de ces chiffres, les « premiers depuis la fin de la période de transition après la sortie de l’UE ». En novembre et en décembre 2020, le commerce extérieur britannique avait bénéficié d’un afflux d’importations et d’exportations, les entreprises emmagasinant des stocks en prévision de la sortie effective du marché unique et des perturbations à venir en 2021. Les chiffres de janvier souffrent donc d’un effet comparatif défavorable. Dans la tempête, le Premier ministre britannique Boris Johnson tente de contenir le feu et d’apaiser les craintes, en qualifiant ces pertes de « problèmes de démarrage », qui ne refléteraient pas l’ensemble des relations commerciales de son pays avec l’UE. Problème, les effets de stockage auxquels le gouvernement Johnson veut attribuer la chute des exportations ne suffisent pas pour expliquer une telle dégringolade.
Chute du PIB britannique
Le Brexit n’a fait qu’aggraver la crise économique causée par la pandémie, en tout point. Contrairement à ce que veut faire entendre le pensionnaire du 10 Downing Street, c’est l’ensemble de l’activité qui s’est contractée au Royaume-Uni en janvier. Conséquence : le PIB britannique a reculé de 2,9 % sur ce seul mois de janvier, après une hausse de 1,2 % en décembre, et se trouve 9 % en dessous de son niveau de février 2020, avant le choc de la covid. La série noire se poursuit pour le Royaume-Uni, pays qui a subi une contraction record de près de 10 % en 2020, pays européen le plus endeuillé par la pandémie et membre du G7 le plus meurtri par la crise économique. L’année 2021 commence très mal pour Londres, mais la reprise économique reste en ligne de mire, avant, peut-être, un retour à la normale pour 2022. Pour Paul Dales, de Capital Economics, janvier devrait ainsi être le « point le plus bas pour cette année sachant que la campagne de vaccination et la réouverture de l’économie devraient stimuler un rebond de l’activité […] d’ici au début de l’année prochaine, nous pensons que le PIB aura retrouvé son niveau d’avant la pandémie ». Reste donc à voir si cette tendance à la baisse des exportations n’est que passagère, comme l’affirme le gouvernement de Boris Johnson, qui assure que les volumes de frets entre le Royaume-Uni et l’UE sont revenus à la normale.
ABA