Le G20 se mobilise pour les pays les plus pauvres

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Face à la situation internationale et l’accroissement des inégalités, les ministres des Finances du G20 s’engagent à accentuer les aides aux pays pauvres.

Les vingt pays les plus riches de la planète s’entendent sur un point : l’urgence de la crise économique et le danger qu’elle représente pour les plus fragiles. Face à ce constat, la mobilisation en faveur des pays pauvres s’intensifie, entre augmentation des ressources du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Association internationale de développement (AID). Une taxation temporaire des plus riches est aussi à l’étude.

L’heure est à la mobilisation générale. La crise qui fait rage n’épargne personne et nuit particulièrement aux pays les plus pauvres. Réuni·es en Italie en marge des assemblées de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, les ministres des Finances et les gouverneur·ses des Banques centrales du G20 se sont engagé·es à accentuer leur aide aux pays les plus fragiles. Pour rappel, le G20 comprend l’Union européenne ainsi que 19 pays : Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie et Turquie. L’enjeu principal : alléger le lourd fardeau de la dette de ces États et augmenter leurs capacités de financement, via le Fonds monétaire international (FMI) et l’Association internationale de développement (AID) notamment. Et pour cause, le choc de la pandémie est particulièrement sévère pour les pays les moins « avancés », mal armés pour faire face aux conséquences sanitaires, économiques et financières. La crise a tari des financements externes essentiels (revenus de l’export et du tourisme, investissements directs étrangers, argent de la diaspora…). La communauté internationale est déjà mobilisée depuis des mois, sur plusieurs niveaux. Le FMI a débloqué 108 milliards de dollars d’aide d’urgence sans conditionnalité à 86 pays et la Banque mondiale 83 milliards de dollars, dont 24 milliards pour l’Afrique. Aujourd’hui, les États du G20 entretiennent la dynamique, en prolongeant de six mois – pour la seconde fois – le moratoire sur le service de la dette des pays pauvres. Les créanciers du G20 et du Club de Paris (ndlr : groupe informel de créanciers publics) ont ainsi proposé à 73 pays de reporter le paiement des échéances de prêt. Une initiative bienvenue mais qui ne fait que repousser dans le temps le service de la dette.

Renforcements des fonds du FMI et de l’AID
Selon le Fonds et les ministres des Finances, les pays à faible revenu « devraient déployer environ 200 milliards de dollars jusqu’en 2025 pour intensifier la réponse de la pandémie et 250 milliards de dollars supplémentaires de dépenses d’investissement pour accélérer la convergence de leurs revenus avec les économies avancées ». Pour cela, les grands argentiers du G20 appellent le FMI à boucler une nouvelle allocation générale de droits de tirage spéciaux (DTS) de 650 milliards de dollars. De quoi permettre aux pays pauvres d’emprunter plus de fonds auprès de l’institution. Face à l’importance des besoins, les ministres du G20 ont également décidé d’avancer d’une année la vingtième reconstitution des fonds de l’AID, la filiale de la Banque mondiale chargée de l’aide aux pays pauvres sous forme de dons et de prêts. Cette reconstitution devrait ainsi démarrer en juillet 2022 pour trois ans. David Malpass, le président de la Banque mondiale se félicite de cette initiative : « Un dollar de contribution des donateurs a conduit à 3,50 dollars de financement de l’AID. C’est près du double de ce qu’il y avait à peine une demi-décennie plus tôt […] Nos nouveaux engagements s’élevaient à près de 30 milliards de dollars, faisant de l’AID la principale source de financement pour les pays les plus pauvres et la principales plateforme multilatérale de soutien ».

Vers une réforme de la fiscalité internationale ?
En parallèle des engagements vers un renforcement des capacités de prêt du FMI et de l’AID, les ministres des Finances du G20 ont également avancé sur une éventuelle réforme de la fiscalité internationale, revenue sur le devant de la scène grâce à l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche. Le changement d’administration et le grand écart politique entre Trump et Biden rebat les cartes, et débloque bien des négociations. Les ministres du G20 se sont engagé·es à parvenir à un accord d’ici à la mi-2021. Il est notamment question – sur proposition de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) – d’une taxation des activités numériques des entreprises et de l’instauration d’un taux d’imposition minimum au niveau mondial. En parallèle, le G20 a témoigné son soutien aux travaux de l’OCDE sur l’échange automatique d’information sur les crypto-actifs. De son côté, le FMI suggère un impôt supplémentaire de circonstance et temporaire sur les particuliers les plus riches et les entreprises qui profitent le plus de la pandémie. L’effort doit être général et équitable, la cohésion économique et sociale internationale est à ce prix.

ABA

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