Pic, plateau, chute ou rechute ?

Des chiffres légèrement meilleurs le 6 mais une aggravation de bilan le 7 : pas de bon de sortie en perspective.

Courbe en élévation abrupte du 4 avril 2020. © Sud-Ouest

Plus de 8 000 morts depuis le début de l’épidémie, ce 6 avril qui s’ouvrait sur « un début d’amélioration » et, le lendemain, le pire nombre de décès relevé depuis le début de l’épidémie. Moins de décès (518 le 5 avril, selon Santé publique France), moins d’admissions (environ 400) en réanimation. Mais le lendemain, la courbe fatale remonte de plus belle (plus de 800 le 7). Pourtant, l’amélioration était déjà notée en Italie – bilan mortel double de celui de la France – et en Espagne – 12 000 décès. Sommes-nous malgré tout proche, non pas de la chute de la courbe, mais d’un plateau ? C’est le terme employé sur France Inter le 6 avril par Martin Hirsch, le douloureux directeur de l’AP-HP qui n’a pas fini de se voir pris à partie – d’ici à ce qu’il figure parmi les boucs émissaires indispensables qui mourront virtuellement au champ du déshonneur de l’après-covid…
Une phase plateau, comme l’explique avec quelque évidence le professeur Vincent Bounes, patron du Samu 31, succède à la phase ascendante avant d’entamer la baisse de la courbe. Ce n’est pas du tout ce qui nous avait été expliqué, schémas à l’appui. Les « cloches » savamment dessinées au début du raz-de-marée se compliquent. Après le « pic » – espéré le 5 mais différencié selon les régions et reparti à la hausse le 7 –, on s’attendait à une chute. Il faudra plutôt prolonger le graphique à la quasi horizontale avant d’aborder le déclin de l’infection. Si un rebond ne survient pas. Autant dire que le 15 avril, la France ne sera pas « libérée »…

Car les équipes soignantes, un peu partout, ne parlent pas même de « plateau ». C’est à peine si elles se satisfont de garder quelques lits sans évacuation. Dans le Grand Est, au surplus, la première baisse du nombre de malades hospitalisés se conjugue à un plus grand nombre de décès. Pas de quoi crier victoire.

D’autant moins que ces diables de Français/es, caressé/es par les premiers rayons d’un soleil tentateur, se croient autorisé/es à jogger davantage, à pêcher ou à se promener en bandes. Au moment où les autorités demandent enfin que chacun se bricole un masque faute de les fournir, quand les spécialistes redoutent un déconfinement partiel sauvage, ceux que le préfet Lallement traitait d’« imbéciles » se croient déjà autorisés à circuler presque librement, au risque de nous en remettre une petite vague. D’où les mesures d’une ville à l’autre décrétées le 7 avril, port du masque obligatoire, interdiction du jogging et même… enlèvement des bancs publics à Béziers dont le maire Robert Ménard, proche du RN, aime le spectaculaire.

Pendant ce temps, un essai clinique dont le début est fixé au 7 avril, en France, vise à transfuser du plasma sanguin de personnes guéries de la covid-19 – riche d’anticorps contre le virus – vers des malades en phase aiguë. Dommage que personne n’entende la petite voix de la biotech française Xenothera qui crie disposer déjà de tous les anticorps « compatibles » nécessaires. Hormis mon « papier » du 1er avril, aucun écho dans les médias ou presque, les pontes qui nous soignent semblent continuer à ignorer cette pépite qu’ils écrasent sous leurs semelles de savants.

Olivier Magnan
rédacteur en chef

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