Les sondages prédisent une chute de la Maison Macron en 2022. Sans personne pour le remplacer.
Les sondages se suivent et se ressemblent, une crise de confiance s’est instaurée entre les confiné/es-déconfinables et les confiné/es/(iré)éligibles à l’Élysée. Le directeur du Centre d’études et de connaissance sur l’opinion publique (Cecop) et chercheur associé au Centre d’études de la vie politique française (Cevipof), Jérôme Jaffré, en a dressé le constat lourd de conséquences à l’occasion d’un sondage on ne peut plus récent : 62 % des Français/es ne sont pas satisfaits/es de la gestion de l’épidémie menée par le gouvernement. C’est lourd. Et d’autant plus visible qu’une crise crée d’ordinaire une « union nationale » dont sont venus à bout les 50 jours qui ont blessé la France. En Europe, malgré les errements du Premier ministre Boris Johnson, 60 % des Britanniques lui gardent leur confiance. En Italie, pays le plus défiant à l’égard de ses gouvernants, Giuseppe Conte rallie à sa politique de la crise 55 % de l’opinion. Ne parlons pas de l’Allemagne où la chancelante chancelière a rétabli son équilibre de façon spectaculaire.
Alors, que se passe-t-il en France ?
Une crise de confiance majeure, conclut l’analyste politique. Encore et toujours due au tour de passe-passe des masques auquel s’additionnent désormais la promesse des 700 000 tests en manque d’écouvillons et de réactifs. Le tout sur fond de « deuxième vague » pressentie et de déconfinement sous haute surveillance.
Manque de confiance qu’aggrave la maladresse de cette France fracturée de rouge, d’orange et de vert sans réelle utilité et le malaise on ne peut plus proche de la valse-hésitation scolaire.
“Je comprends toutes les inquiétudes mais il faut avancer avec calme, pragmatisme et volonté”, Emmanuel Macron, 4 mai, conférence des donateurs.
La conclusion de Jérôme Jaffré est tellement tranchée que peu de commentateurs, curieusement, s’en sont emparé : « La réélection d’Emmanuel Macron en 2022 relève de la gageure. » Alors que le pays sera à la recherche de sa richesse enfuie, nous serons en quête d’un/e président/e qui n’existe pas, qui n’apparaît pas, qui ne s’impose pas. Car l’autre enseignement des sondages se révèle tout aussi déroutant : aucun politique n’a bataille gagnée. Ni Marine Le Pen ni Jean-Luc Mélenchon ne sont crédités de la crédibilité qu’Emmanuel Macron est en passe de perdre. « Le macronisme est covidé de sa substance », a osé glisser la directrice de Marianne, Natacha Polony, à l’écoute de la conclusion en impasse de Jérôme Jaffré, sur France Inter, le 2 mai.
Plus que jamais, ce pays doit changer ses modèles, se réinventer (Macron ne l’a-t-il pas promis pour lui-même ?), se pardonner, affronter. Entreprendre, innover, positiver ? La petite musique du sous-titre d’ÉcoRéseau Business ressemble à un « liberté, égalité, fraternité » lui aussi à réinventer.
Olivier Magnan, rédacteur en chef