La crise sanitaire et le contrecoup économique qui s’est ensuivi n’ont pas fait de jaloux. Chaque territoire a vu son économie et ses activités industrielles marquer le pas et subir les conséquences de la pandémie. Une fois n’est pas coutume, à l’heure de la relance pour nos régions il n’y aura pas de calme après la tempête, mais bien une reprise économique et un rebond plus qu’attendus.
Une reprise dans la moyenne
La reprise économique néoaquitaine se met au diapason de la tendance nationale : c’est la conclusion à laquelle parvient le bureau régional de la Banque de France dans son analyse de conjoncture mensuelle. En comparaison, l’étude montre que les chefs d’entreprise de Nouvelle-Aquitaine évaluent à 69 % leur activité au mois de mai, par rapport à un étiage jugé normal, contre 70 % sur le plan national. À la mi-juin, on estime que 75 % des entreprises de la région ont repris leur activité. En ce qui concerne les services marchands, les entreprises néoaquitaines sont même légèrement en avance, avec 62 % de l’activité jugée normale, contre 61 % pour la France entière. Idem dans le secteur information/communication : 82 % d’activité en Nouvelle-Aquitaine, 80 % sur le plan national. Le secteur industriel, lui aussi, rebondit dans la région bordelaise, avec une activité globale évaluée à 81 % de la normale.
Seul hic : le secteur de l’automobile et des transports reste en dessous de la moyenne nationale (74 % contre 79 %). En somme, la reprise est sur les rails en Nouvelle-Aquitaine. Et bonne nouvelle pour les entrepreneurs bordelais, le fonds d’urgence de 15,2 milliards d’euros de Bordeaux Métropole pour les TPE, consommé seulement à moitié, vient d’être élargi aux indépendants et entreprises sans salariés.
Coup dur pour l’aéronautique
La région toulousaine ne déroge pas à la règle établie par l’enquête de conjoncture mensuelle de la Banque de France : depuis le mois de mai l’économie du territoire enregistre un net rebond dans la majorité de ses secteurs industriels et marchands. Signe de la reprise d’activité des entreprises : les demandes de prêts garantis par l’État sont en recul de 50 % à 75 % dans la région. Une reprise notamment pour les entreprises du bâtiment et de travaux publics, qui bénéficient d’un soutien de Toulouse Métropole, laquelle accélère la commande publique en ajoutant 95 millions d’euros aux 365 millions d’euros votés pour 2020, pour financer de nouveaux projets. Mais la conjoncture ne profite pas à tous les secteurs en Occitanie. L’aéronautique, fleuron régional (40 % de l’emploi industriel !), reste à la traîne et se prépare à une longue traversée du désert. Pour 2020-2021, Airbus prévoit une production inférieure de 40 % par rapport aux plans prévisionnels. L’utilisation des capacités de production de l’industrie aéronautique tourne au ralenti : 58 %, contre 95 % avant la crise. Reste que, pour la fin du mois de juin, 62 % des chef.fes d’entreprises du secteur décrivent une activité à « niveau normal », mais s’inquiètent pour leur carnet de commandes. Loin de rassurer son monde, Airbus a annoncé le 30 juin un plan de suppression de 15 000 postes…
Progression à tous les étages
Le déconfinement réussi au second cœur économique français. Toujours selon la note de conjoncture de la Banque de France, l’activité économique aurhalpine est en progression dans tous les secteurs et pour la majorité des entreprises de la région en mai. Une reprise qui s’étend à tout le secteur industriel, particulièrement important en Auvergne-Rhône-Alpes. Et pour cause : les entreprises industrielles de la région lyonnaise affichent une remontée de près de 20 points des rythmes de production entre avril et mai, après une chute historique de la production industrielle durant le confinement. Selon les chef.fes d’entreprises, le degré d’activité est ainsi passé à 66 % de la normale, contre 47 % en avril. Et le progrès continue sur le mois de juin, les chiffres définitifs restent à venir mais les anticipations prévoient une activité à 80 %. Même joyeux son de cloche pour le secteur du bâtiment, qui remonte à 70 % d’activité d’un mois de mai « normal », contre 20 % en avril. Le chemin sera long mais le rebond est en vue, pour la seconde économie régionale la plus meurtrie par la crise, derrière la Corse, avec une baisse de -34 % de son activité durant le confinement.
De l’urgence au rebond
Longtemps parmi les régions « rouges » durant le confinement et à l’époque de la circulation active du virus, la Bourgogne-Franche-Comté soigne sa relance. Et souhaite « passer de l’urgence au rebond », selon les mots de la présidente de la région Marie-Guite Dufay (PS). Après avoir, selon l’Insee Bourgogne-Franche-Comté, avoir enregistré une baisse d’activité de 32 % entre le 17 mars et le 7 mai, la région joue aujourd’hui la carte des aides publiques. Le 24 juin, le conseil régional présidé par Marie-Guite Dufay a annoncé un plan de relance territorial en faveur de l’emploi de quelque 400 millions d’euros. Soumis au vote en octobre, le plan vise donc au sauvetage des emplois dans la région, avec en toile de fond la contribution des entreprises à la transition écologique. Reste que la mise en place de la stratégie est soumise à l’acceptation de l’État de garantir ou non les recettes de l’organe institutionnel régional en 2019. Outre ce vaste plan, le conseil régional a également adopté un pacte territorial de 27 millions d’euros pour la reprise de l’économie de proximité, financé par la région, les EPCI et la Banque des territoires. De quoi nourrir l’élan de relance économique qui plane sur les régions françaises et sur les secteurs industriels et commerciaux bourguignons et francs-comtois.
Embellie estivale
La région locomotive de l’économie française et ses industries ont subi de plein fouet l’impact de la crise sanitaire. Mais l’heure n’est pas au pessimisme. Le déconfinement et la reprise d’activité des entreprises après deux mois d’arrêt forcé laissent présager le rebond tant attendu. Dans sa dernière étude de conjoncture sur l’économie francilienne, la Banque de France détaille cette reprise régionale : le rebond de l’activité est réel sur le mois de mai, particulièrement dans l’industrie et le bâtiment, très affectés par la crise. En mai, la Banque de France faisait état d’une perte de PIB de 27 % par semaine en avril, en comparaison avec le niveau d’avant crise, en juin, son estimation pour le mois de mai remonte à -17 %. De quoi prévoir une contraction du PIB de -15 % au second trimestre. L’optimisme est donc permis, malgré des constats encore alarmants. Valérie Pécresse, présidente de la région, prévoit 300 000 chômeurs supplémentaires d’ici à la fin de l’année. L’Île de France pourrait donc passer le cap historique du million de chômeurs, selon sa présidente, qui estime la dette régionale à un milliard d’euros. Pour contrecarrer la dynamique et anticiper la relance, la région a voté début juin un plan de 1,3 milliard d’euros, consacré à l’aide aux entreprises et à l’innovation, à la lutte contre le chômage et au retour à l’emploi, ainsi qu’à la relance écologique et aux transports. Vaste programme, pour un sacré rebond ?
Adam Belghiti Alaoui