Maires courage

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Ils.elles ont la plupart du temps tenu leur rôle, surtout dans les petites communes. On doit s’en souvenir dans les intercommunalités volontiers oublieuses de l’échelon local.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

On les disait, ils.elles se disaient renvoyé.es à un rôle d’exécutant des décisions des préfets, tenu.es par la communauté de communes, corvéables à merci. On a vu qu’ils (le masculin seul prévaut, jusqu’à ce jour) étaient parfois assassinés par des abrutis ciminels. Au moins molesté.es ou insulté.es. Le.la maire sont désormais en première ligne face au virus. Et prié.es par un Premier ministre venu des territoires et ostensiblement partisan d’une apparente vraie décentralisation – sous le regard des préfets et sous-préfets – d’adapter la stratégie nationale anti-covid à leurs communes.

Et voilà nos petit.es soldat.es reparti.es au front. Dans l’urgence. Comme ils.elles peuvent. Copie conforme des décisions nationales floues, improvisées et retoquées – tous masqué.es, tous testé.es – ou plus nuancé.es dans leurs arrêtés – on annule telle manifestation, pas telle autre, on ferme des marchés, pas tels autres –, ils.elles se débattent dans le cadre limité de leurs pouvoirs, cornaqué.es plus ou moins abruptement par des préfet.es et sous-préfet.es qui restent la voix du pouvoir élyséen et matignonesque.

Déjà, on avait fait appel à l’édile communal pour parler aux gilets jaunes. Et quand des gens du voyage s’installent sans discussion sur le territoire de la commune, c’est le.la maire qui se fait bousculer ou frapper s’il.elle a le courage de venir rappeler que la République doit faire respecter ses lois. Quant aux premiers masques distribués, ils ont souvent été cousus par des bénévoles motivé.es par les maires avant que le département ou la région n’intéresse des industriels en relais des carences de l’exécutif.
Sans parler de l’organisation scolaire qui fut surtout affaire d’échanges et de bon sens entre maires et directeur.trices d’école.
Au moment même où les intercommunalités vidaient peu à peu la raison d’être des élus locaux, l’épidémie a montré les limites des communes acéphalisées.

Reste au tricycle préfet.es, sous-préfet.es, maires à rouler dans le même sens. Peut-être en rappelant aux représentants de l’État que les élu.es des communes ne sont pas leurs exécutant.es. Et à compter sur ces élu.es pour qu’ils.elles limitent leur tentation du clientélisme électoral : il est plus facile d’annuler une manifestation culturelle que de faire fermer une terrasse de restaurant. Et souvent plus courageux de foutre la paix à ses administré.es dans des zones sans risque que de forcer tout le monde à se confiner le visage.

Quant aux habitants électeur.trices, ils.elles sauront davantage, aux prochaines élections, discerner les maires qui auront su tenir bon dans la crise sanitaire sans jouer les girouettes aux vents parisiens. En espérant que la tentation d’en faire des godillots ne reviendra pas dans les sphères centralisatrices.

Olivier Magnan

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