« Si la vie te donne un citron, fais une limonade. » On pourrait ainsi – ironiquement – résumer l’impact de la crise de covid sur notre environnement, car si le virus tue (de moins en moins), il nous aura quand même rendus plus forts. De ce grand malheur que représente l’actuelle crise sanitaire ont émergé de nombreuses innovations.
De la triste fatalité à l’heureuse marche en avant, il n’y a qu’un pas.
États-unis
Le virus accélérateur numérique
La plate-forme de communication in-cloud américaine Twilio a réalisé une étude visant à connaître l’opinion de plus de 2 500 décideurs quant à la vitesse de la stratégie de transformation numérique des entreprises induite par la covid. Des États-Unis à Singapour en passant par la France ou l’Allemagne, entre autres, le verdict est sans appel, le virus aurait accéléré de 6 ans la transformation numérique des entreprises.
Intérêt : entre les nouveaux modes de communication multicanaux et l’augmentation significative des budgets consacrés à la transition numérique, la crise de covid aura définitivement convaincu les réticents au numérique, et aura révélé tout le potentiel de la dématérialisation.
Costa Rica/OMS
Du communisme sanitaire
Sous l’impulsion du Costa Rica et de son président Quesada, l’Organisation mondiale de la Santé a lancé fin mai un projet de plate-forme d’échange des avancées technologiques et des brevets dans le but d’améliorer la lutte contre la pandémie mondiale. Son objectif, faciliter l’accès aux vaccins, aux médicaments et autres produits sanitaires efficaces contre le Sars-CoV-2. Si la notion directrice de ce projet est celle de « bien public mondial », elle n’est cependant pas au goût de tout le monde, car peu de pays ont accepté de se joindre au projet, découragés par les puissants lobbies pharmaceutiques. Même notre cher président Macron n’a pas souhaité y prendre part, alors même qu’il évoquait cette idée de bien public mondial pour parler du probable futur vaccin.
Intérêt : à l’heure où la tendance mondiale est plus au nationalisme qu’à l’ouverture sur le reste de la planète, parfaitement illustré par les frasques de la présidence Trump, l’espoir d’humanité n’est pas mort et une certaine idée du communisme refait ici surface pour tenter d’y parvenir.
États-unis/MIT
Traquer les traceurs, l’arroseur arrosé
Si la crise sanitaire a accéléré et mis en exergue l’utilisation d’applications de traçage – à l’image de l’inefficace StopCovid en France – elle aura aussi aidé à une prise de conscience de la population des risques de dérives que représentent de telles technologies pour la liberté et la vie privée de tout un chacun. Face à ce potentiel danger antidémocratique, le prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) a créé une application chargée de tracer les traceurs.
Intérêt : Covid Tracing Tracker analyse les données des applications de tracking de nombreux pays et les concentre au sein d’une base de données mondiale histoire de comparer les utilisations variées de cette technologie. Le gage de transparence des entreprises ou des États ne suffit plus, c’est désormais la « population » qui s’investit de la mission de contrôle.
Rwanda
Le commerce numérique pour tous
Le géant chinois Alibaba et son fondateur Jack Ma ont le regard tourné vers l’Afrique. La firme est venue à la rescousse des petits producteurs africains en leur proposant d’intégrer sa plate-forme de commerce numérique internationale eWTP (Electronic World Trade Platform). Le premier à avoir sauté le pas aura été le Rwanda.
Intérêt : grâce à cet accès à la plate-forme chinoise – reconnue par le G20 – le café rwandais, le poivre blanc du Cameroun ou encore la vanille des Comores ont su trouver preneur durant la crise de covid. La plate-forme propose également des formations et soutiens dans divers domaines. L’Afrique est désormais bien engagée dans la route de la soie numérique des Chinois. Pour le pire et le meilleur.
France
Festival en réalité virtuelle
Le Bordeaux Geek Festival, prisé des amateurs de culture jeu-vidéo, a décidé de ne pas se laisser faire par le corona. Pour maintenir la tenue de son édition 2020, les organisateurs ont décidé de proposer un festival installé dans un monde numérique, sur une île plus précisément. Muni d’un casque de réalité virtuelle, ou pas, vous êtes représenté.e par un avatar à votre image. Via ce vous virtualisé, vous rencontrez des gens, leur parlez, assistez à des conférences, vous promenez aux détours des stands…
Intérêt : le monde futuriste du film Vanilla Sky devient petit à petit « réalité ». Vous pourrez demain assister au festival de votre rêve à l’autre bout du monde ou même organiser votre propre festival, du même endroit.
Estonie
Le visa numérique ++
Parce que la crise a largement répandu la pratique du télétravail, le concept de « nomade numérique » – une personne qui travaille à distance – a logiquement resurgi, notamment grâce à la création par l’Estonie d’un visa numérique : toute personne a la possibilité de venir télétravailler dans le pays durant 12 mois. Sur place, des entrepôts transformés en espaces de travail accueillent les « nomades ». En 2014, le pays avait déjà mis en place un système d’identité numérique par lequel quiconque a la possibilité d’ouvrir un compte bancaire ou de créer une entreprise et l’y domicilier.
Intérêt : ce visa a entre autres pour but d’attirer une population hautement qualifiée et entreprenante dans le pays, mais il est surtout le premier véritable visa pour nomade numérique. Il est à rappeler qu’il est aujourd’hui bien souvent illégal de télétravailler à l’étranger.
Singapour
Agriculture verticale
Depuis le début de la crise, de réelles inquiétudes ont émergé au sein des populations liées à la capacité des États à subvenir à leurs besoins alimentaires. C’est ainsi que l’agriculture verticale connaît un regain d’intérêt considérable, notamment sous la houlette de la firme Bayer et de la société d’investissement Temasek basée à Singapour. Les deux entités viennent de créer l’entreprise Unfold, ont levé 30 millions d’euros dans la foulée et comptent bien révolutionner la production de denrées alimentaires en milieu urbain.
Intérêt : Cette agriculture pourrait jouer un rôle important dans la refonte des systèmes d’approvisionnement alimentaires et répondre aux défis qu’a posés sur la table la pandémie actuelle. Unfold se démarque en consacrant davantage d’efforts en R&D au service du développement des semences, plutôt que sur l’aspect technologique comme c’est actuellement le cas.
Monde/Numérique
Publicité in-game
Durant le confinement, la consommation de jeux vidéo a littéralement explosé et les annonceurs ont vite perçu l’opportunité qui s’offrait à eux. À l’intérieur du jeu Animal Crossing de Nintendo, par exemple – véritable carton du confinement – vous pouvez habiller votre avatar en Marc Jacobs ou Valentino, trouver un magasin dématérialisé Gémo et même assister à un défilé de la dernière collection de la marque.
Intérêt : la frontière entre le monde numérique et le monde réel est de plus en plus ténue. Cette situation offre d’innombrables possibilités pour les entreprises qui savent percevoir les opportunités. Nos amis de la réclame savent désormais exercer leurs talents directement chez les clients et proposer des événements personnalisés à moindre coût.
JEAN-BAPTISTE CHIARA
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