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Deux labos français, l’un soigne, l’autre vaccine. Il faudrait peut-être les pousser, non ?

La France a un incroyable talent, titrons-nous après M6 en une du dernier numéro d’ÉcoRéseau Business (un numéro qui fait du bien, en vente actuellement !). Encore faut-il le mettre en avant, ce talent, le soutenir, le vendre, l’exporter… Or en matière de lutte contre la covid, nos autorités de santé ne semblent pas savoir que nous détenons au moins deux pépites à doper, et vite.
La première, ça n’étonnera personne, se nomme Xenothera, j’en ai fait mon leitmotiv depuis un an : cette biotech nantaise a mis au point un anticorps polyclonal, le XAV-19, dont la moindre qualité est de s’attaquer à tous les variants du SarS-CoV-2. N’importe quel média américain, allemand, britannique, espagnol et même chinois en ferait sa une, sa gloire, sa panacée, son orgueil. En France, rien, ou presque. Au fil des mois, à force de se battre, la patronne de Xenothera, la docteure Odile Duvaux, a réussi ceci : « Notre essai clinique Polycor ayant été récemment labellisé priorité nationale de recherche par le comité interministériel Capnet, sous le contrôle de Reacting, nous interpellons aujourd’hui le gouvernement pour qu’il soutienne le XAV-19. On a pu lire récemment que la recherche française était à la traîne sur l’épidémie, nous pensons que non, au contraire, notre entreprise dispose d’un avantage qui lui donne de l’avance sur bien des alternatives thérapeutiques, en particulier venant d’outre-Atlantique. En tant que biotech française, nous avons besoin de ce soutien, afin d’être en mesure de produire des centaines de milliers de doses dans les prochains mois. »
M. Olivier Véran, ministre de la Santé, va-t-il falloir que nous déclenchions une pétition pour qu’un jour prochain vous annonciez que tout est fait pour accélérer l’homologation de ce médicament, autrement dit la formule qui, injectée, soigne effectivement des malades quel que soit l’état d’avancement de leur contamination ?
Tout se passe comme si seul le mot vaccin revêtait quelque valeur thérapeutique : se prémunir. Mais se soigner, alors ? Le pays qui a maudit son hydroxychloroquine sans que l’on sache désormais si, réellement, cet antiviral, soigne ou pas, est en train de passer à côté de traitements qui prouvent leur efficacité.
Le pays qui a maudit ses labos sacrés, Pasteur et Sanofi, ne prend pas même la peine de booster un autre vaccin en phase test, celui d’une autre biotech nantaise (tiens donc !), Valneva. Qui en parle ? Alors que tous les JT, tous les médias, devraient en ce moment donner chaque jour des nouvelles de ce VLA2001, c’est à une sorte de dédain ignorant que se voit réduit ce vaccin disponible à l’automne.
Oh, certes, il n’est pas révolutionnaire, comme les vaccins à ARN messager qui « font classe » à côté (sans preuve encore de leur efficacité sur toutes les classes d’âges et les variants). La France ne le « calcule » pas, au point que ce sont les Britanniques, désormais non européens, qui en ont financé les essais cliniques ! Moyennant quoi, le vaccin Valneva devrait partir à raison de 60 millions de doses… en Angleterre, dès l’automne, quand la France ne sera livrée qu’au printemps. Allez-y, MM. Les Anglais, piquez les premiers, semblent clamer nos autorités sur un air connu…
Le VLA2001 produit par ce labo spécialisé dans « la prévention des maladies engendrant des besoins médicaux importants ou non satisfaits » (sic) est un vaccin à virus inactivé. Autrement dit, il ne fait pas dans la nouvelle technologie, il s’en tient à un procédé ancien et éprouvé, une technique vaccinale qui a fait ses preuves sur la poliomyélite, l’hépatite A, la rage ou la grippe. Il cultive le coronavirus responsable de la covid 19 sur cellules Vero (insensible à tout autre agent) et est associé à des adjuvants (ces accélérateurs qui font tant peur depuis la survenue d’effets secondaires préoccupants, mais que tous les labos ont depuis reformulés).
Le vaccin français détourné de Valneva va solliciter sa mise sur le marché en octobre 2021 avant de partir en Grande-Bretagne. Je ne sais pas vous, mais si j’étais M. Véran, il me semble que je me pencherais fissa sur le dossier. Les deux dossiers. Non ?
Olivier Magnan
© Photo d’illustration, laboratoires Valneva