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Il ne s’agit que d’une vidéo sur Twitter. Elle est censurée. Au milieu de bon nombre d’autres qui ne le seront pas. Les années covid se doivent de conserver toute la mémoire et toutes les opinions.
J’écoute, via une source Twitter, la défense et l’illustration de Didier Raoult par son avocat, Fabrice Di Vizio. Je mets la diffusion en pause pour la reprendre le lendemain. Raté. Un message m’informe qu’un avis pour « propos faux » a décidé Twitter à supprimer cette vidéo.
Propos faux ? Au point où j’en étais de l’écoute, Fabrice Di Vizio expliquait que l’hydroxychloroquine prônée depuis le début de l’épidémie par le turbulent professeur marseillais était en tout état de cause inoffensive. Une réalité pour ce vieux médoc : la revue Lancet qui l’avait attaqué est revenu sur ses conclusions, tout comme l’OMS a reconnu son procès d’intention.
Heureusement, Di Vizio a parlé, abondamment, un peu partout sur les plateaux de radio et sur d’autres plates-formes (il se fait beaucoup plus rare désormais). Sa voix qui monte dans les aigus traduit sa passion de défenseur et… d’attaquant. Car l’avocat de Didier Raoult n’a pas hésité à attaquer, au nom d’un collectif de 600 médecins, l’ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, puis l’actuel, Olivier Véran, sans oublier l’ancien Premier ministre, Édouard Philippe et aujourd’hui Jean Castex. Excusez du peu ! On ne saura que d’ici à un an ou deux ce que la Justice retiendra de cette plainte pour défaut de protection.
Di Vizio est à ce point passionné et entier dans son « combat », sans la moindre langue de bois, que la « censure » dont il est l’objet pose question. Vraiment. Qu’il soit pour certains excessifs dans ses propos, qu’il fasse pousser des soupirs aux journalistes qui regrettent de l’avoir invité ne fait pas de lui un tricard du micro. C’est l’honneur de ce pays que de laisser s’exprimer un avocat « cash », car il n’a rien d’un illuminé ni d’un fanatique. L’entendre dire que « le gouvernement n’a aucune morale » parce qu’il ne révoque pas ceux que l’avocat considère, avec précautions à peine oratoires, des « personnes responsables de la mort de certains soignants », ne relève aucunement d’une censure le moins du monde fondée, quand bien même peut-on estimer qu’il « pousse le bouchon » trop loin. Ou pas.
Au rayon des vidéos, puisque l’on censure l’entretien en question, enregistré en 2020, je me mets à entendre ce que disait il y aura bientôt un an le Dr Patrick Pelloux, le fameux médecin anesthésiste et collaborateur de Charlie Hebdo, lui aussi désormais rare sur les plateaux. Il expliquait textuellement que « honnêtement, je vais vous dire un truc : tous mes confrères/sœurs médecins qui ont été touché·es par le [la] covid-19 ont tous·tes pris de la chloroquine. Donc, il y a une espèce d’hypocrisie à dire que l’on va attendre des études pour savoir ce que l’on fait, ma foi je pense qu’il faut se donner toutes les chances pour les malades… » (TéléMatin, France 2, avril 2020).
Toute cette masse de vérités, de mensonges, de sous-entendus, d’attaques, de défenses, de rappels, de preuves, de ragots va nourrir les historiens d’un après-covid en quête, justement, de… vérité. Nous en aurons besoin. Tout un peuple, une planète entière, auront besoin de comprendre dans quelque temps, peut-être long, comment s’est écrite l’histoire en ces années de braise. Et les censures nouvelles nées de la peur seront aussi parlantes que les mots justement ou injustement prononcés. Nous vivons ce moment. Soyons-en le souvenir sans parti pris. N’acceptons aucune censure.
Olivier Magnan