Pas de confinement, un cloisonnement national

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Les efforts du Président de ne pas décréter un reconfinement, malgré la fermeture décidée des écoles, deviennent préoccupants.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

Au décompte des bonnes et des mauvaises mesures, au qui perd gagne du variant anglais, impossible de désigner perdants et gagnants. Que l’on reconfine, comme en Allemagne ou en Italie, ou que l’on se contente de « freiner » comme en France à la grande rage de ceux qui « savent », les médecins et les épidémiologistes, les bilans sont à peu près les mêmes.

À une exception près, l’école. Le « devoir » d’Emmanuel Macron : « Nous sommes les premiers à les avoir rouvertes et les seuls à les avoir maintenues ouvertes » (au risque de contaminer les parents ?). De l’avis des pédagogues, à commencer par la présidente de la Société française de pédiatrie, la professeure Christèle Gras-Le Guen, il s’agit d’un enjeu primordial. Dont acte. Mais voilà désormais nos écoles, nos collèges, nos lycées fermés (subtilité présidentielle attendue, les vacances sont anticipées et rallongées…). Il va falloir instruire et distraire les élèves à la maison. Et pas ailleurs.

Car si nous ne sommes pas reconfinés, nous sommes cloisonnés. Nuance. Tout le pays est invité à tourner en rond dans les 10 kilomètres autorisés sans attestation, mais sous surveillance. Emmanuel Macron pourra le dire : je n’ai pas reconfiné. Pour autant, il n’a pas non plus enrayé l’épidémie. Quelques commerces de plus ouverts, quelques étalages de vente sur les trottoirs, le reste cadenassé et sous la perfusion des aides poursuivies…

Nous circulons dans nos villes comme avant la covid, au moins jusqu’à 19 heures, nous télétravaillons le moins possible, nous nous ruons dans nos villégiatures tant que les routes restent ouvertes (comme ce sera le cas le week-end de Pâques). Nous subissons comme tout le monde et ne sommes guère plus sages. Pas de quoi recevoir les félicitations du Grand décideur, comme hier : nos sacrifices par-là, nos actes héroïques par-ci (pas un mot sur les incartades des jeunes gens à Lille et Lyon…), n’en jetons plus.

Tout va se jouer désormais sur le front des vaccins. Fort de sa stratégie vaccinale (protéger les plus fragiles, les plus âgés) dont il se loue sans jamais en prouver l’efficacité supérieure sur les autres approches (la vaccination générale de tout le monde dès lors que les doses sont là, comme en Grande-Bretagne – Boris Johnson a raison de se vanter de son premier jour à zéro mort…), Emmanuel Macron nous promet à nouveau de tenir son calendrier de vaccination de tous les plus de 18 ans à l’horizon incertain de l’été à l’aide de 1 700 centres et d’une pléthore de 250 000 vaccinateurs. C’est à vrai dire son seul plan. Il est le fruit du raté magistral de l’Europe auprès des labos.

Il a retenu l’appel des entrepreneurs qui réclament de la visibilité : ce sera, mi-mai, une réouverture progressive du pays. Avec des lieux de culture, des terrasses de restaurants, des enceintes sportives, de loisirs rouverts (et les hôtels ?). Pas tous, sans doute, le « partitif » est parlant. Pas de quoi, hélas, tirer des plans sur la comète. Une promesse vague de freinage moins appuyé…

Reste un dernier chiffre : 10 000 lits de réa (avec ou sans le personnel voulu ?), annonce celui qui n’a jamais envisagé de restaurer le système de santé français dans sa plénitude. Rappel : l’été dernier, Olivier Véran se vantait d’en avoir fait ouvrir… 12 000. Le compte n’y est pas. Il ne l’a jamais été. Comme une antienne, je le répète, il fallait profiter de la trève estivale pour tenter d’en installer partout, au besoin dans des hôpitaux mobiles dans la cour des 39 établissements de l’AP-HP et former, former, former comme le font les infirmier·ères chef·fes sitôt qu’on leur alloue un·e aide-soignante. Quitte à replier le dispositif s’il n’avait pas eu d’utilité.

Emmanuel Macron court après tout. Le temps, les vaccins, la patience, les médecins. Pour avoir cru et espéré après la rémission de l’été, il n’a pas anticipé. Or, quoi qu’il en coûte, il aurait sans doute mieux fait de devancer. Les naïvetés de la Commission européenne comme les ressources hospitalières. Et surtout, ne jamais faire confiance à sa chance.

Olivier Magnan

PS : l’AstraZeneca rebaptisé Vaxzevria a encore frappé. Une Toulousaine de 38 ans. Thrombose, 14 jours après l’injection. La honteuse ANSM conclut une nouvelle fois à un « accident très rare associé au vaccin AstraZeneca ». Il faut interdire ce vaccin. Maintenant.

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