Le samedi 16 mars s’est tenu l’acte 18 des « gilets jaunes ». Que vous soyez d’accord ou pas avec leurs revendications, que vous les aimiez un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout renvoie à une question de fond : faut-il se rebeller ?
La réponse est : ça dépend.
Dans nos entreprises, nous fixons des cadres pour organiser l’appareil de production et codifier les relations au travail. L’objectif est que tout un chacun s’accorde a minima sur une partition commune, préalable indispensable à une performance collective.Quand on pense rebelle, on pense Lénine, Che Guevara ou aux gilets jaunes qui font la révolution et remettent en cause l’existant sans s’embarrasser de dommages collatéraux. Dans nos organisations nous n’avons pas besoin de rebelles destructeurs mais de rebelles positifs qui combattent le système pour qu’il s’améliore. Mais, qu’est-ce qu’un rebelle positif ?
1. Il est à l’aise avec l’inconfort.
Depuis juillet 2018, j’accompagne Christophe Urios, coach du Castres olympique et accessoirement champion de France de rugby 2018.
En décembre dernier, son équipe perdait quatre matchs sur cinq. À cette époque, je m’attendais à trouver un entraîneur soucieux, nerveux. Il n’en était rien.
Pourquoi ? Parce que, je le cite : « J’aime quand c’est dur, j’aime être dans l’inconfort. C’est dans ces situations-là que je suis le meilleur et entre nous, manager c’est jouer son rôle quand c’est difficile, non ? »
2. Il aide les autres quand ils sont en difficulté.
Le 25 avril 2003, Maurice Cheeks, coach de l’équipe de basket de Portland, a partagé au monde entier, en moins de deux minutes, une leçon d’humanité. Une jeune fille de 13 ans devait chanter l’hymne américain au démarrage du match. Prise d’émotion, elle se met à trembler et perd complètement les pédales. En quelques secondes, Maurice Cheeks la rejoint, l’aide à reprendre la chanson en l’accompagnant alors qu’il chante totalement faux. Un rebelle aide les autres quand ils sont en difficulté… Quitte à devenir ridicule. Vous trouverez facilement la vidéo immortalisant ce moment sur YouTube.
3. Il réussit ses échecs.
Se rebeller, c’est considérer que les accidents sont sources d’inspiration pour progresser. En France, la notion d’échec inspire une peur quasi pathologique. Nous avons été habitués, éduqués, à faire bien et si possible du premier coup. Enfants de Descartes, nous sommes rationalistes. L’expérience de la vie ne peut faire l’économie d’échecs. Échouer consiste à se confronter à une réalité qui nous blesse, nous contraint à nous questionner et en tirer les enseignements pour l’avenir. Échouer, c’est passer un diplôme pour réussir, se donner une chance de faire mieux la prochaine fois.
En résumé, se rebeller consiste à faire preuve de courage. Peter Drucker, pape du management du vingtième siècle disait : « Chaque fois que vous voyez une entreprise qui réussit, dites-vous que c’est parce qu’un jour quelqu’un a pris une décision courageuse. » À vous de jouer.
par Frédéric Rey-Millet
Auteur/Hacker du management
@Freymillet