Par Stéphanie Patfoort, directrice du campus Sup’de Com Lyon et enseignante.
Créée à Lyon en 1985, Sup’de Com se démarque sur le champ de l’enseignement supérieur avec ses formations en communication globale, de post-bac à bac +5. L’école s’emploie à former les stratèges de la communication de demain.
Dans notre monde où le digital – ou le numérique – et les écrans semblent avoir pris le dessus sur bien des aspects, nous faisons le constat au quotidien de la prévalence de l’écrit. Dans le domaine de la communication, on n’a jamais autant fait appel à l’écriture que de nos jours ! La conception-rédaction est d’ailleurs la première maîtrise recherchée d’après le Baromètre des métiers de la communication 2019. Certes, avec des techniques très spécifiques selon les supports mais avec, toujours, la même exigence de qualité. Mesurez-vous l’impact sur votre image de la publication de tweets comportant des fautes d’orthographe ? Avez-vous déjà expérimenté les conséquences d’approximations sémantiques de vos jeunes collaborateurs dans vos relations presse ? L’orthographe, la grammaire, la syntaxe se doivent d’être irréprochables dans le monde professionnel.
Pour un/e étudiant/e, ne pas maîtriser la langue française et ses règles avec dextérité, ne pas pouvoir jouer avec les mots et les figures de style constituent un véritable frein à son employabilité. Comment être crédible dans une recherche de stage, d’alternance ou d’emploi lorsque votre lettre de motivation ou votre CV comporte des fautes ? Comment faire sa place dans une équipe lorsque, en tant que jeune recrue, vos travaux sont parsemés d’approximations grammaticales et d’accords improbables ?
L’introduction de cours de français et d’ateliers d’écriture dans nos cursus vise à reprendre les règles de base qui n’ont pas été intégrées précédemment. Avant d’en comprendre l’intérêt – et de le constater dans la pratique ! – les étudiant/es sont plutôt réfractaires, car cela demande de la rigueur, de l’attention et l’acceptation d’un apprentissage long dont ils/elles ont souvent perdu l’habitude : prendre le temps de se relire afin de repérer ses fautes et les corriger est essentiel.
Au-delà de cet apprentissage très scolaire, la pratique du français se révèle un véritable atout pour les étudiant/es, à de multiples niveaux : la maîtrise de la langue développe la curiosité, la culture générale et l’esprit critique. Plus ils/elles progressent dans cette maîtrise, plus ils/elles sont capables de prendre du recul. Ils/elles gagnent aussi de l’aisance à l’oral, là où bien souvent le manque de vocabulaire les empêche d’étayer et d’approfondir leurs propos. La maîtrise de la rhétorique permet d’échanger, d’argumenter, de contre-argumenter, de se défendre, de raisonner, d’être légitime dans son discours. Soyons lucides : plus on maîtrise la langue parlée et écrite, plus on a de chances d’affirmer et de justifier ses idées, ce que l’on souhaite, de vivre pleinement son rôle de citoyen.
Un diplôme de communication qui intègre cette vision permet de se différencier. Certes, ce n’est pas très vendeur de parler rhétorique aux étudiant/es. C’est d’ailleurs bien souvent une fois en situation professionnelle que les jeunes diplômé/es réalisent à quel point l’apprentissage de la langue française est important. En revanche, leurs parents et les employeurs prêtent une oreille bien plus attentive à l’intérêt de la maîtrise de la langue. Alors, pourquoi ne pas lui accorder une place plus importante dans nos études ? Imposer l’évaluation du français dans les notes de Bachelor ? Comptabiliser le français dans le référentiel de BTS ?
Faire bouger les lignes de l’enseignement de la communication, ce n’est pas seulement défendre nos diplômes. C’est aussi nous engager pour l’avenir professionnel et citoyen de nos étudiant/es.