Le masque et la brume

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Le masque en soi ne vaut rien dans le brouillard de son inefficacité.

Décidément, le masque n’a pas fini de faire parler. Plus ou moins clairement derrière la membrane.

Obligatoire quasiment partout, à l’école et au boulot, il s’exige aussi dans pratiquement toutes les rues de France et de Navarre, même si le Conseil d’État a limité quelque peu la toute-puissance préfectorale disposée à nous clore le bec par millions au nom de ce que d’aucun.es nomment la « tyrannie hygiéniste ». Que dénoncent de plus en plus de « personnalités » telles Ségolène Royal ou Bernard-Henri Lévy (dans Le virus qui rend fou, Grasset). Il est tellement plus simple de tout imposer !

Le moins que l’on puisse dire est que la contestation du port du masque la boucle, par la force des choses : désormais, les « sans » se font remarquer, même quand ils ne manifestent pas. Ont-ils des arguments ? Peu. Il apparaît tellement plus civique à tout un.e chacun.e d’affirmer le consensus et de fustiger le méchant postillonneur égoïste…

Mais pourtant, ce raz de marée papier/tissu n’a rien d’une panacée. Comment veut-on que des millions d’individus, des milliards plutôt, utilisent à bon escient cet écran plus symbolique d’une orthodoxie sociale que véritable barrière à virus ? Combien des masqué.es en respectent le strict mode d’emploi, la façon de le placer et de l’ôter, de le conserver dans un sac, de le changer, de le laver, de le jeter, de se couvrir nez et bouche ? Forcément une minorité. Que celui.celle qui agit comme un médecin ou un soignant dans un établissement de soin jette la première pierre aux négligent.es… Que celle.celui qui fourre son masque dans sa poche pour le ressortir le temps de traverser la rue et contaminer tout ce qu’il.elle touche se dise civique…

L’important est de porter un masque. Peu importe qu’il soit efficace.

D’un Macron au Liban sans masque qui prend une victime dans ses bras au Darmanin hostile à se couvrir le nez, se multiplient les « mauvais exemples » de ceux.celles qui devraient se faire sceller un masque une fois pour toutes, en public, comme dans leurs bureaux ministériels en réunion. D’autant plus que la gent médicale n’est pas unanime : s’il n’étonne personne que le professeur Raoult, qui ne craint ni Dieu ni maître ni covid, opine que le masque ne doit pas être imposé mais recommandé alors que le lavage des mains, lui, devrait prendre le pas sur la voie respiratoire, il est plus surprenant d’entendre le professeur Toubiana, épidémiologiste et chercheur à l’Inserm, regretter l’obligation du masque qui ne relève pas d’un choix scientifique… La thèse du renforcement des défenses immunitaires plus efficaces qu’un masque mal porté commence à se répandre.

Sans donner raison aux pur.es contempteur.es du masque qui y voient une « mesure de la soumission du peuple », le dissensus sur son utilité devrait tempérer l’obligation de porter ce fléau inconfortable quand la distanciation et la faible densité l’autorisent. C’est en gros ce que rappelle le Conseil d’État aux préfets et aux autorités de santé. Polluer la planète au nom d’un « signal » et non d’un impératif thérapeutique ne grandira pas la décision politique (la même, rappelons-le, qui jugeait inutile le masque… non disponible). Après tout, la Suède n’oblige ni ne conseille le masque à sa population, pas davantage touchée que les sociétés masquées.

Bref, sur fond de retour des contaminé.es aux urgences, ces foules masquées dans leur immense majorité s’interrogeront bientôt sur le paradoxe : pourquoi un tel retour alors que, bon citoyen.ne, j’obéis aux prescriptions et à la peur du gendarme en me masquant ? Avec un masque contaminant ?

Olivier Magnan

2 Commentaires

    • En quelque sorte, Chère Aliette, un « masque et la plume ». Il est vrai que nos créatif.ves ne vont pas tarder à transformer ce sinistre accessoires gênant en parure de mode.

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